L’optimisation : pour un bond qualitatif qui peut être considérable
par LeBeauSon - Novembre 2020
Le concepteur de la marque NEODIO propose depuis 20 ans des appareils très haut de gamme.
Or, depuis cette année, il accompagne individuellement tout mélomane dans l’optimisation de son équipement à domicile.
LBS : Stephane Even, vous êtes le concepteur de la marque NEODIO qui propose depuis 20 ans des appareils très haut de gamme.
Or, depuis cette année, vous proposez d’accompagner individuellement tout mélomane dans l’optimisation de son équipement à domicile. Qu’est-ce qui motive cette volonté de mettre vos connaissances à la disposition des mélomanes ?
Stephane Even : Je pars de plusieurs constats :
Les personnes ont aimé un équipement. Elles ont fait le choix, l’achat de celui-ci. Certains ont fait des sacrifices financiers importants pour s’offrir un système remarquable.
Quel que soit l’argent investi, j’ai constaté depuis plus de 20 ans qu’ils ne goûtent le plus souvent qu’à une part réduite des qualités de leur chaîne Hi-Fi.
Dans ce domaine, la mise en œuvre pèse 50% du résultat. Et celle-ci est aussi délicate que les réglages d’une voiture de sport. Il faut comprendre qu’une chaîne hi-fi est un assemblage délicat, où tout concoure : la pièce, le meuble, les câbles, l’association des appareils …
Tout en respectant les choix, les goûts des personnes, il reste tout un pan de travail pour l’optimisation du système. Une fois ce travail réalisé, le bond qualitatif peut être considérable.
Certains mélomanes se sont habitués à la frustration d’une écoute moins exaltante que celle dont ils avaient rêvé ou pu entendre en auditorium. Et finalement un peu blasés, ils n’écoutent plus autant de musique. D’autres mélomanes iront sans doute en magasin pour faire part de leur insatisfaction en quête d’autres appareils. Beaucoup d’amateurs ont en tête le mythe du produit miracle qui changera tout. Or une chaîne HiFi est un assemblage. Pourquoi changer un appareil ? L’optimisation de l’existant est souvent synonyme d’économie.
Depuis 20 ans je vis la même chose. Quelle que soit la qualité du matériel, entrée ou haut de gamme, j’ai pu constater qu’il est facile de rater l’objectif et ne pas obtenir la satisfaction musicale pour tout un tas de raisons. Et ce constat, tout le monde peut le faire en parcourant les salons HiFi pour découvrir que, parfois devant des systèmes à priori qualitatifs, l’émotion n’est pas au rendez-vous.
Donc depuis 20 ans, je développe un protocole de tests et d’installation méticuleux, pour passer au crible chaque détail, afin de déterminer le ou les maillons faibles les plus déterminants dans la déperdition de qualité.
Ce travail s’est fait au fil du temps, d’abord pour mes propres besoins, lors de démonstrations en salons et auditoriums et depuis peu pour les mélomanes.
Je pense qu’il n’y a pas de linéarité entre la qualité du matériel et le plaisir que l’on ressent à l’écoute lorsque tout est « accordé ». A un moment donné, tout est là. Et on ne se pose plus aucune question. On vit la musique.
Or, souvent avec les systèmes Hifi, on est en dessous. Soit très en dessous, lorsqu’il y a une agressivité, un problème de dynamique, de définition… Et parfois légèrement en dessous, quand les choses semblent sonner justes, mais le plaisir n’est pas là et l’émotion absente. Il manque un truc.
C’est un équilibre subtil, entre définition, équilibre tonal, dynamique, énergie… Il y a beaucoup de raisons techniques qui entrent en jeu. Et certains phénomènes sortent du champ des sciences et techniques connus.
LBS : pour illustrer votre propos, avez-vous quelques exemples à donner ?
S. E. : Concrètement, l’essuyage des appareils, des contacts. Si vous vivez dans une vieille maison, changez la prise murale. L’oxydation est responsable d’une perte importante du signal. Quand on fait un simple nettoyage des contacts en frottant une feuille de papier, souvent on trouve que la scène sonore respire mieux, que les timbres sont plus justes. Voilà quelques gestes simples qui déjà font gagner un peu.
Après il faut aussi se pencher sur l’environnement d’écoute et ne pas se focaliser que sur les éléments de la chaine. Il faut intégrer que tous les objets qui se trouvent dans la pièce participent au résultat sonore.
Autre point important : la ligne secteur et tout ce qui se trouve sur ce chemin, (barrettes, câbles), est extrêmement importante à soigner. Parce que lorsque l’on a fait cet effort, on a déjà réglé une part importante des limitations. Si bien que je place même le soin de cette ligne secteur en tête de liste des choses à optimiser. Pour reprendre la phrase de Roy Gregory, célèbre reviewer britannique : « les audiophiles écoutent leur réseau électrique ».
Il y a des objets qui abîment le son, par exemple une barrette secteur avec un parasurtenseur. A éviter.
Donc je m’évertue à chercher tous les vilains petits canards qui perturbent la qualité sonore. Et dès qu’on en enlève un, on gagne en vérité sonore.
Je suis un peu aussi le docteur à l’écoute de ses clients
J’essaie de comprendre ; je ne cherche pas à modifier les goûts d’un mélomane. On a le droit d’aimer les timbres ou l’énergie, de préférer les qualités de tel ou tel système. C’est pour ça que j’écoute ce qui anime les personnes, ce qu’elles aiment écouter. Avec ce qu’elles me livrent de leurs goûts, ainsi qu’un descriptif précis des éléments, du câblage complet, incluant des photos de la pièce. Je peux déceler où sont les points critiques, puis les corriger. Et faire que, chaque fois que les personnes allument leur système, elles éprouvent du plaisir à écouter.
LBS : dans cette volonté d’écoute du client, remettez- vous en question le choix du matériel ?
Stephane Even : Pas forcément, c’est même assez rare. Globalement, lorsqu’on regarde les appareils qui sortent aujourd’hui, enfin depuis un peu moins de 10 ans, on constate tout de même des conceptions bien faites, rationnelles, avec des alimentations soignées. La qualité des équipements a progressé, en particulier sur des produits d’entrée de gamme. Bien sûr, il reste toujours des mauvais appareils, mais beaucoup moins qu’il y a 10 ans.
En revanche, je trouve qu’avec les câbles et la mise en œuvre on peut faire des bons plus significatifs qu’en changeant d’ampli par exemple. C’est une erreur très fréquente. Les gens remettent en cause leur équipement avant de se questionner sur sa bonne mise en œuvre.
LBS : mais n’est-ce pas simplement par méconnaissance ou pour répondre aux sirènes du marketing que les consommateurs s’égarent ?
S. E. : Oui, utilisateur, j’en ai fait les frais également. Ce qui est nouveau n’est pas nécessairement meilleur.
D’ailleurs ce serait intéressant de faire des comparatifs pour une célèbre marque japonaise d’une succession d’appareils génération après génération. Je ne suis pas sûr que les derniers soient toujours les meilleurs. On serait souvent surpris.
Néanmoins, globalement la qualité progresse. On trouve des enceintes à 300 € qui sonnent correctement. Donc il faut faire attention à ne pas commettre l’erreur de surinvestir dans un élément par rapport au reste de l’équipement. Il me semble qu’au contraire, il faut essayer d’équilibrer son équipement, en intégrant tous les éléments qui concourent au résultat.
Pour prendre la métaphore de la cuisine, on peut avoir les meilleurs ingrédients, ils ne sont pas la recette ni le savoir faire du chef.
LBS : quelles sont les phases de votre approche ? Il y a une méthodologie type ?
S. E. : Je vais regarder tous les points :
- D’abord écouter le client comprendre ses goûts, ses frustrations, ce qu’il espère gagner.
- Faire la liste de tous les constituants du système.
- Et bien sûr, faire un descriptif de la pièce en analysant d’après photos les conditions d’écoute.
Spontanément se dégagent généralement des premiers questionnements : peut-être est-ce ce câble, ou la position de tel ou tel appareil, une incompatibilité entre un ampli et une paire d’enceintes… Nous passons en revue le système après les premiers constats.
Et on fait des essais avec le client. Chaque cas est particulier.
En pratique, je propose 3 formules pour répondre à tous types de besoins de 350 à 1 500 €.
- La première est en deux heures, ou plus précisément en deux fois une heure, pour se laisser le temps de tester et de valider des choses.
- La deuxième, je demande que l’on m’envoie les câbles d’un système. Je prends le temps de les tester pour en comprendre les facultés et les limites. C’est une approche plus longue. Mais ça permet de comprendre précisément où sont les lacunes et vers quel type de solution aller.
- Ensuite, il y a la troisième formule. Je passe la journée chez le client. Je mesure la courbe de réponse du système, élément quasi-objectif pour cerner les choses. J’apporte le matériel pour ça. Puis j’écoute son système pour en faire le tour, le comprendre. Et je cherche comment l’améliorer pour aller dans le sens des attentes du client.
Je rencontre souvent des personnes qui ont des systèmes à plusieurs dizaines de milliers d’euros qui ne marchent pas très bien. C’est commun. Et pourtant elles ont acheté des appareils très bien, en cochant toutes les cases : une bonne source, de bonnes enceintes, un bon ampli…
Mais non, le résultat n’est pas encore à la hauteur de l’investissement.
Et le grand paradoxe de l’époque actuelle, c’est que des appareils d’entrée de gamme vont être plus facile à mettre en œuvre, parce que moins résolvants.
Alors que d’autres plus haut de gamme vont demander plus de soin parce que plus résolvants, et donc plus à même d’exacerber les défauts d’un des maillons de l’ensemble.
LBS : donc, plus on est face à un système ambitieux, plus la mise en œuvre est essentielle ? C’est votre constat ?
S. E. : Oui, il faut voir ça comme le passage de la conduite d’une voiture classique au pilotage d’une Formule 1. Les réflexes, la maîtrise et les soins techniques ne sont pas les mêmes.
Et c’est la difficulté de ce secteur, car trop souvent les clients sont un peu abandonnés à leur installation à domicile, alors que beaucoup s’y joue.
Pour comprendre ce qui soutient ma démarche, il est bon de savoir que je passe au crible, par passion depuis des années, ce que le marché mondial produit comme nouveautés techniques, comme innovations. Je lis beaucoup de brevets. Etant l’un des rares fabricants à exercer dans les 3 domaines que sont l’électronique, les câbles et les accessoires, je teste énormément de choses. Des composants, des connecteurs, des architectures de câblage et des enceintes. J’ai eu entre les mains la quasi-totalité des marques d’enceintes les plus connues. Je change en moyenne d’enceinte de référence tous les 2 ans.
Ce qui fait que ma passion reste intacte pour le sujet, c’est que je vis régulièrement des moments de grâce. Malgré les limites de certains systèmes, il est possible de vivre ces instants de magie. Il faudrait qu’une majorité de mélomanes puissent goûter à ces moments d’extase, peut-être pas quotidiennement, mais au moins régulièrement. Voilà, c’est ce que j’aimerais partager avec un maximum de gens.
LBS : alors on fait comment ? On vous envoie une demande, un descriptif de l’équipement ? Des photos ?
S. E. : Oui, pour des informations complémentaires on démarre ici : www.meilleurson.com ou alors on me contacte par e-mail à cette adresse : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ou par téléphone au 05 56 40 19 50
LBS : merci Stephane Even de permettre aux mélomanes de profiter de leurs musiques au plus haut des capacités de leur matériel. Et merci aussi pour la sincérité et la qualité de cet échange.
Vidéo sur un Tedx :
https://youtu.be/6wny-3FPbH8