Tablette anti-vibrations ESseCi Design Relaxa 622 S -
Les bienfaits de la lévitation
Par LeBeauSon.fr - Août 2022
Perception d’ensemble :
S’il faut s’accorder sur le fait que l’apport de ce type d’accessoire n’est probablement pas universel et proportionné, il ne faut pas le sous-estimer pour autant.
Le tapis volant ESseCi Design a ennobli les appareils testés, les hissant d’un ou plusieurs crans au-dessus leur podium respectif.
Sur divers disques, la métamorphose est même spectaculaire !
Le bénéfice immédiat le plus souvent constaté prouve que, dans le fatras des accessoires éventuels pour éradiquer les vibrations parasites, la tablette ESseCi Design Relaxa représente voie inspirante.
Les bienfaits de la lévitation.
Code couleur pour ce BE : c’est toujours un peu compliqué de placer des « accessoires » dans la même hiérarchie que des appareils « actifs », mais il faut penser que c’est une considération d’investissement. Donc Vert, moins de 1 600 €.
La société italienne ESseCi Design commercialise et développe des tablettes isolant vos appareils des vibrations de toutes natures ; elles reposent sur un principe de suspension magnétique qui a fait l’objet d’un dépôt de brevet en 1999.
Ce qui est assez tardif puisque les phénomènes ont été observés depuis le 16ème siècle. Soit à peu près en même temps que la transverbération.
Le principe (de la lévitation magnétique) est en apparence tellement simple qu’on se questionne sur la valeur dudit brevet. Un socle en médium (MDF) et une plaque en verre armé se repoussent comme un couple en instance de divorce grâce à 4 couples d’amants (ou est-ce : d’aimants ?) fixés en opposition de pôles aux quatre angles.
Pour éviter que la plaque de verre, soumise à la forte répulsion des couples d’aimants, ne fonce au firmament, deux tiges métalliques librement consentantes… euh, coulissantes à l’intérieur de la plaque de verre (les avocats ?) maintiennent dans un même axe socle et tablette.
Mais pourquoi n’y avait-on pas pensé avant ?
Bon en fait si. Même en hifi. C’est dire. Par exemple, une platine Verdier, qui remonte à quelques siècles avant Jésus-Project, utilisait le même principe pour isoler le plateau de la platine.
La parfaite horizontalité (cette fois j’éviterai l’analogie au couple marié) est ajustable (voyez le genre, côté mauvais goût), en vissant/dévissant un à un les 4 aimants fixés sur le support en MDF ; opération guidée par un niveau à bulle.
3 modèles de plateaux sont inscrits au catalogue de la marque :
La Relaxa 750, modèle le plus ambitieux pour lequel le dessin du MDF est plus élaboré, supposé supporter une charge allant de 3 Kg à 50 Kg.
La Relaxa 530 autorise une charge intermédiaire allant de 3 Kg à 30 Kg.
Et enfin le modèle que nous testons, la Relaxa 622 S est limitée à une charge plus modeste allant de 3 Kg à 20 Kg.
Le socle MDF en H est décliné en quatre couleurs : noir, gris, rouge ou vert.
Deux versions de la Relaxa 622 sont en lice. L’une mesure 515 x 460 mm, alors que la version S (sans doute pour : small) mesure 489 x 400 mm.
Des 3 modèles, on devine que ce dernier est aussi le plus abordable ; pas loin de 1000 euros tout de même.
Le fabricant garantit que le principe d’isolation par lévitation magnétique permet de zigouiller une grande quantité de vibrations provenant du sol, de l’environnement ou de l’appareil lui-même.
L’effet visuel de la tablette ESseCi Design est intrigant puisque l’appareil posé sur le verre semble flotter sur votre meuble.
Quoi qu’il en soit, on réfléchit avant d’investir dans un tel accessoire : est-ce que le découplage est vraiment efficace ?
Puis on hésite au moment de déposer un de nos chers appareils de X kg sur une tablette en verre, surtout pour le voir flotter ensuite à quelques centimètres au-dessus d’un meuble.
Peu d’appareils à disposition au moment de nos tests entrent dans la catégorie des poids plumes acceptés par la Relaxa 622 S en prêt. Nous avons soumis à l’apesanteur inversée un lecteur CD mais surtout la platine vinyle Pro-Ject X-Perience II SB DC dont on supposait qu’elle tirerait profit d’un traitement antivibratoire et un intégré Atoll IN300
Le distributeur nous a garanti que l’effet était pertinent sous un ampli intégré à tubes. Les nôtres dépassant les 30 kg nous privent de vérifier si le bénéfice du découplage par portance magnétique est flagrant. Mais comme nous constatons une plus-value remarquable avec d’autres solutions, notamment l’usage de plots supports (chez nous les Neodio ou Franc), il est vraisemblable que les effets soient du même ordre. Ou meilleurs.
En considérant ces concurrents plus ou moins efficaces, on ne peut que constater que le prix de cette tablette s’avère finalement … comment dire ? En verre et contre tout ?
On peut facilement supposer qu’une meilleure isolation des vibrations apporte plus à une platine vinyle ou à un lecteur CD - dont les oscillations mécaniques génèrent naturellement des vibrations - qu’à un amplificateur par exemple.
Mais c’est sans véritable étonnement que l’on constate aussi ses effets sous des appareils purement électroniques, un convertisseur ou un lecteur réseau. Ces appareils aussi subissent des micro-vibrations ou des ondes stationnaires. Vibrations de transformateurs, par exemple, et, somme toute, un condensateur est un ressort. Sans oublier qu’un amplificateur, notamment sur son étage d’entrée, traite des signaux très faibles.
Là encore, il faut accepter de s’échapper des idées reçues et faire simplement l’expérience. Vous constaterez un bénéfice variable selon les appareils, soit. Mais testez et vérifiez par vous-même.
Pour mesurer l’importance relative, nous avons donc doublé les tests en posant, en alternance et sur les mêmes disques un amplificateur Atoll IN300, bien sûr toujours avec une comparaison avec et sans. C’est amusant de voir la tablette support descendre sous la sollicitation de la plus grande de masse de l’ampli.
Allez, vérifions la Zen attitude de notre tablette ESseCi Design Relaxa 622 S.
RICHESSE DES TIMBRES ET ÉQUILIBRE TONAL :
Platine vinyle : le trio de Jazz formé autour de Phineas Newborn Jr, sur le recueil : The Great Jazz Piano of Phineas Newborn Jr, Sam Jones à la contrebasse et Louis Hayes à la batterie prend de l’aisance en posant les pieds sur la tablette Relaxa.
Dans ce cas de figure précis (une platine vinyle), l’équilibre tonal n’est pas modifié par l’intégration de la tablette, pas de modification « chromatique » constatée, ce qui en un sens est rassurant.
En revanche, les instruments ont clairement gagné en précision, matière, grain, ils se sont étoffés.
Ce qui affine la perception des talents gravés dans le sillon. Ainsi savoure-t-on intégralement le jeu de Phineas, son piano plus « plein », moins brouillon.
Pour une platine vinyle modeste comme la Pro-Ject ici utilisée, l’investissement dans une solution de découplage telle que celle proposée par l’ESseCi Design apporte une plus-value flagrante.
Aucun doute que le gain en réalisme, les descriptions des couleurs et des matières sont telles que le prix se justifiera pleinement quelle que soit la gamme de l’objet supporté.
Amplificateur : l’apport se situe dans une sensation de plus grande netteté, un nettoyage des couleurs, sans doute par une meilleure définition des matières.
A choisir entre deux éléments, l’apport de la Relaxa est un peu moindre, mais pas négligeable non plus. Surtout quand on n’a pas de platine vinyle.
Richesse des timbres boostée :
Equilibre tonal inchangé : pas de note ou bonne note ?
SCÈNE SONORE :
Platine vinyle : l’écoute de la Symphonie n°3 Scottish de Mendelssohn par l’Orchestre Philharmonique de New York dirigé par Leonard Bernstein, déploie les interventions des pupitres en cinémascope et même en trois dimensions ; de l’air, beaucoup d’air : le bénéfice du découplage est indiscutable. Les instruments s’épanouissent dans leur espace propre avec pour conséquence une plus probante unité des reliefs. On réalise aisément la compréhension de plusieurs plans en profondeur.
Sur le disque Shields du groupe indé Grizzly Bear, à la perception de prise de possession de l’espace s’ajoute le dimensionnement naturel des musiciens.
On bénéficie d’un placement souverain, les plans sonores se détachent très naturellement. Avec le net gain de définition, des effets de « moirage » ou de superposition sont gommés. Le spectacle est plus vivant, plus incarné et évidement plus appréciable.
On aime l’évidence nouvelle.
Amplificateur : ben, là aussi c’est pour le moins significatif. On pourrait reprendre les mêmes mots, dans des proportions différentes, soit, mais l’apport est le même : netteté ressentie accrue qui fait parfois apparaître une infime dureté sur quelques forte. Est-ce le contact direct de l’appareil avec du verre ?
Scène sonore :
RÉALISME DES DÉTAILS :
À l’écoute de l’album Side Eye NYC V1.IV de Pat Metheny, batterie, guitare, clavier précisent une fois encore combien les instruments gagnent en définition et vraisemblance. Acuité qui entraîne une plus grande sérénité, un rapport plus entier au spectacle. Nul manque, nulle accentuation pour gêner le plaisir ou dénaturer la perception.
Sur le sur le disque de Phineas Newborn Jr, la contrebasse de Sam Jones ne bave plus du tout et tous les musiciens s’inscrivent en relief dans la pièce d’écoute.
Supersonic de Thomas de Pourquery regroupe autour du saxophone alto de l’artiste le saxophone ténor de Laurent Bardainne également au synthé, la trompette de Fabrice Martinez, les claviers d’Arnaud Roulin, la basse de Frédérick Galiay et la batterie d’Edward Perraud pour un voyage retour vers la lune (Back To The Moon). Si le découplage mécanique via la Relaxa 622 n’enrichit pas les mélodies simplistes aux sonorités parfois teintées années 80 du groupe, il permet d’en distinguer plus intensément les couleurs et caractéristiques instrumentales. Un souffle d’humanité coule le long des plages du disque dès lors empreint d’une mélancolie sous-jacente, jusque dans les élans d’optimisme comme sur le titre O Estrangeiro entonné à pleins poumons par la chanteuse Berlea Bilem.
Amplificateur : sans surprise, l’écart avec et sans est moins flagrant qu’avec la platine, mais pas négligeable pour autant. Il se traduit plus en nuances qu’en affirmations, mais est indéniable, et même troublant.
Réalisme des détails :
EXPRESSIVITÉ :
Platine vinyle : en réécoutant l’album de Amnesiac de Radiohead, les subtilités de la production se révèlent pleinement. Une plus-value qui sert la juste compréhension de l’œuvre, et conséquemment sa capacité à émouvoir.
La première face du double album dans son format mini 33T, nous plonge dans l’enfer « civilisé » et cyclique d’une « cyber zone » urbaine occidentale : une plongée nous questionnant sur l’emboitement de nos vies en perte de sens, dont le titre Pull/Pulk Revolting Doors vient ponctuer le premier quart.
Le voyage à fond de sillon des titres de l’album nous guide dans l’exploration sans effort de paysages mélodiques finement texturés. Tout semble plus limpide, plus accessible, et on se surprend à découvrir des détails oubliés, théoriquement révélés par de bien meilleures platines vinyles.
La dimension narrative en sort galvanisée par un supplément d’âme qui nous apparait dès lors essentiel.
Amplificateur : surprise plus ambivalente sur ce critère, mais quelques mises en place de petits effets dans un espace plus circonstancié nous approchent davantage du travail minutieux de la production
Expressivité :
QUALITÉ DU SWING, DE LA VITALITÉ, DE LA DYNAMIQUE :
Villains de Queens Of The Stone Age :
Platine vinyle : dès les premières notes, je suis frappé par une prise de possession de l’espace, quasi physique. Les émanations des instruments assènent une densité rare. L’énergie que dégage le disque, dopée par la tablette ESseCi Design, est foncièrement délectable. Il y a clairement une différence avec et sans découplage ESseCi.
Sans perdre en qualité de swing, le dynamisme, la vitalité de l’écoute deviennent un énorme et revigorant booster d’envie.
Amplificateur : la dynamique est mieux contrôlée, moins éparpillée : ce n’est pas plus spectaculaire, mais tout simplement plus juste, plus intégré. Plus naturel.
Qualité du swing, de la vitalité, de la dynamique :
PLAISIR SUBJECTIF :
Au fil de nos écoutes, il est facile de situer où opère le découplage : on gagne en relief et en définition, de nombreux détails sont débarrassés de scories confusantes, possiblement liées à des perturbations dans le suivi du bras de notre platine de test où des ondes stationnaires plus généralement dans les électroniques.
La caractérisation des timbres des instruments, leurs dimensions sont plus finement décrites.
Alors qu’un choix inadapté de câble (ou d’appareil) peut accentuer telle ou telle partie du spectre, ici aucun risque de déséquilibre ; on profite de plus de précision sans dénaturer les caractéristiques des appareils, ou d’une cellule phono.
C’est une flagrante démonstration de saut qualitatif qu’offre l’écoute « calée » par l’ESseCi Design du Villains de Queens Of The Stone Age. Les arrangements prennent une ampleur remarquable détachant les protagonistes les uns des autres.
On a tout simplement le sentiment d’avoir accès à un ensemble de qualité, sans avoir à souffrir d’une contrepartie négative comme c’est trop souvent le cas en Hifi lorsqu’il est parfois question d’arbitrage (choix cornélien) entre un bénéfice et une contrepartie. C’est donc votre platine, votre chaine, qui restent mises en l’œuvre sur le « tapis volant », mais en mieux.
PERCEPTION D’ENSEMBLE :
S’il faut s’accorder sur le fait que l’apport n’est probablement pas universel et proportionné, il ne faut pas le sous-estimer pour autant.
Pour faire évoluer son système d’écoute sans remettre en question l’un des appareils, il y a plusieurs leviers fondamentaux. Le découplage fait partie des premières questions à se poser, tout aussi légitime que le juste traitement acoustique de la pièce d’écoute ou le choix de vos câbles.
Sur le tapis volant ESseCi Design, notre Pro-Ject transfigurée a su peaufiner l’illusion de qualités dignes d’une catégorie supérieure. Sur certains disques, la métamorphose est même spectaculaire. Pour la platine vinyle de notre test comme pour d’autres appareils, le bénéfice immédiat prouve que parmi l’offre des accessoires envisageables pour gommer les vibrations parasites, la tablette ESseCi Design ne doit surtout être considérée comme un gadget mais un investissement de long terme.
