à l’oreille





Revival Audio Atalante 3 - Leçon d’équilibre

Par LeBeauSon - Mai 2023


Perception d’ensemble

Création française et fabriquée en France, l’élégant modèle compact Atalante 3 du fabricant Revival Audio déborde de vertus face à une concurrence souvent insane !

Je la recommande dès lors chaudement aux esthètes qui souhaitent profiter d’un grand spectacle, coloré, ample, séduisant sans vouloir dépenser une fortune ni sacrifier un précieux espace et n’ont pas besoin de se réfugier derrière des valeurs dites sûres qui n’ont rien de plus à dire mais coûtent plus cher.

DIAMs 6 Bleu

 

NB : Code couleur pour ce banc d’essai : Bleu, de 1600 à 3200 €, l’enceinte Atalante 3 étant proposée à 2 400 € et 400 € pour les « stands » (recommandés)

 

 RA ATALANTE3 1

Revival Audio est une marque alsacienne d’enceintes artisanales lancée en 2021 par l’ingénieur Daniel Emonts et le commercial Jacky Lee.

 

Un studio de design parisien - A+A Cooren - intervient dans le dessin final des objets.

 

Le jeune fabricant propose déjà deux gammes, une entrée appelée Sprint (2 modèles) et une moyenne appelée Atalante (2 modèles) (je ne me souvenais pas qu’Hippomène avait sprinté pour triompher d’Atalante). Entièrement fabriquées en France.

 

L’Atalante 3 que nous avons testée est la plus petite de la gamme Atalante (l’autre s’appelle 5). Si l’ébénisterie est de format moniteur compact, à l’anglaise, habillée d’un fort noble placage (en noyer ?), l’enceinte embarque des technologies propriétaires qui résultent d’un travail approfondi d’ingénierie « audiophile » que je vais détailler (oui, bon enfin pas trop). Les impatients prendront l’ascenseur.

Le créateur des enceintes Revival, Daniel Emonts, n’est pas un nouveau venu puisqu’il a travaillé chez Dynaudio au Danemark ainsi que chez Focal. Au Danemark. Euh. Ça ne doit pas être ça…

L’Atalante 3 est ce qu’on appelle une deux voies, deux haut-parleurs.

Le filtre est dit Phase-Coherent-Fast-Response (j’adore !), le câblage interne vient d’une des 15 000 références Van Den Hul.

Pour l’équipement, je commence par le haut : il s’agit d’un haut-parleur à dôme souple de 2,8 cm, doté d’une technologie brevetée dite ARID pour Anti Reflection Inner Dome (arf arf), une pièce en forme de cornet galbé installée derrière la membrane du haut-parleur, ainsi positionnée pour éviter la formation d’ondes stationnaires et guider lesdites ondes le long de la partie fine du cône jusqu’à la chambre arrière pour qu’elles y soient absorbées. Oui, parce que le dôme bénéficie d’une chambre arrière spécialement conçue pour lui. Le petit veinard. La chambre a même un petit nom, comme dans les hôtels coquets : BCD. On a perdu le A en route. Trop privatif. La pièce d’amortissement consiste en une jante asymétrique, avec des pales de plastique rigide structuré, de manière à obtenir une fréquence de résonance basse : 560 Hz.

Le dôme du tweeter est enduit d’un revêtement dit RASC, afin d’optimiser son débattement. Une suspension asymétrique (tiens, pas d’acronyme* ?) maintient un guidage plus linéaire et sans résonance du dôme qui fonctionne alors à la manière d’un piston dans les basses fréquences (1 à 8 kHz), tandis que pour reproduire les fréquences supérieures, le centre du dôme a été conçu pour rester immobile. C’est bien la peine.

Dans les très hautes fréquences, seule la zone autour de la bobine mobile (à la fois sur le dôme et la suspension) émet. Ce tweeter est par ailleurs doté d’un gros et puissant aimant ferrite, Revival Audio considérant qu’un aimant ferrite d’une telle taille aura la même puissance qu’un aimant néodyme, mais sera moins cher et plus écologique. Mouais…

L’enceinte Atalante 3 embarque un haut-parleur de médium/grave de 18 cm, dont le cône est dit BSC (Basalt Sandwich Construction) (ça continue et c’est même breveté) constitué d’une couche extérieure en fibre de basalte, roche volcanique de densité élevée, d’une épaisse couche de colle d'amortissement à base de polymère, posée sur un feutre, qui constitue le milieu de la membrane sandwich. Le tout mu par un gros aimant ferrite, monté sur un saladier ouvert, d’architecture asymétrique.

C’est fini ?

Oui. Ouf…

* Que les puristes se rassurent : je connais la définition d’acronyme.

Quelques données maintenant ?

Allez…

  • Réponse en fréquence (+/-3db) : 44 Hz – 26 kHz (-3 dB)
  • Sensibilité (2,83 V / 1 m) : 87 dB / 2,83 V / 1 m
  • Impédance nominale : 6 ohms, minimale : 4,4 ohms à 175 Hz
  • Fréquence de coupure : 2,8 kHz
  • Amplification recommandée : 30 W – 150 W
  • Taille de pièce recommandée : 15 - 35 m2 ; attention, hein ni 14 ni 36 !
  • Dimensions : 39 cm x 24 cm x 27 cm
  • Poids : 11 kg

Bon, j’ai pu paraître taquin… Si si, j’ai pu. Mais honnêtement ce jargon - et ça n’est pas la première fois que je le dis - tapisse les murs de la gloriole hifi dont on sait aussi qu’il n’est souvent le seul trophée que de nombreuses marques peuvent revendiquer. Quelquefois ça a du sens (musicalement), la plupart du temps, non.

Cela dit, j’admire une jeune société à même d’apporter d’un seul coup autant d’innovations ou d’adaptations de principes acquis. Et je sais gré aux créateurs d’avoir confié à un talentueux cabinet de design la possibilité de quelques coups de crayons qui changent une boite qui ressemble à une boite en quelque chose de clairement plus abouti, grâce à une simple ligne de coupe (nombre d’or ?), un logo gravé dans la matière, la façade insérée dans un cadre et - qui sait -, l’harmonie des dimensions, ainsi que les caches séparés, détachés de la façade et tendus d’un tissus gris de noble texture.

Franchement ça a de l’allure.

Les « stands » proposés, bien conçus et recommandés, sont moins « originaux » et, hélas, ne cachent pas les indispensables câbles. Fort heureusement, Revival n’est pas adepte du bi-câblage.

Ah oui : les enceintes sont de type miroir du fait d’un tweeter décalé. Le fabricant expose clairement la disposition recommandée.

Je tiens aussi à préciser que, avant même de brancher ces petits machins, on est trompés sur le prix : le look, la finition, mais aussi l’emballage, la notice sont rarement aussi qualitatifs !

Ecoutes menées sur : Eera Minuetto, Atoll ST300, Atoll SDA300, Accuphase E380, Tsakiridis Aeolos Ultra, Moonriver Ref 404, Angtrom Zenith ZIA100, Serblin Performer (combinaison recommandée), câblage Wing, Legato, hORNS, Nodal, Mudra.

 

Timbres et équilibre tonal :

Kiriil Petrenko continue discrètement son intégrale Chostakovitch à la tête du Berliner Philharmoniker. Pourquoi discrètement ? Le parti prix du label de l’orchestre est de ne pas faire apparaître le nom du chef sur la jaquette, même quand c’est le patron ! On est loin de l’ère Karajan.

Cette fois c’est l’étrange Symphonie n°9 Op 70. Pourquoi étrange (un BE consacré aux Pourquoi ?) ? : alors qu’elle devait être une des trois symphonies de guerre, qu’elle célèbre la victoire face à l’invasion nazie, donc supposée représenter une sorte d’apothéose, elle est plutôt légère (particulièrement dans l’interprétation très « oxygénée » de Petrenko), courte et pas vraiment solennelle. Le premier mouvement est quasiment chambriste ! Suivant l’approche précédemment dessinée dans la huitième, Petrenko (Kiriil) semble vouloir entretenir l’espoir sans toutefois rechigner à une exploration des âmes, collectives ou individuelles, utilisant le formidable potentiel de son orchestre pour qui, ayant retrouvé son panache des grandes heures, tout semble facile ; traduction très lumineuse où Petrenko fait éclater des couleurs exotiques au sein d’une homogénéité orchestrale d’un maintien militaire. Une version cependant – et paradoxalement – métaphysique, incitant chacun à sonder ses propres doutes ou névroses et qui résonne d’autant plus ambivalente qu’une guerre fratricide oppose aujourd’hui deux nations où le libérateur d’alors est devenu l’agresseur d’aujourd’hui.

Faisceaux de timbres que la petite Atalante 3 exploite en sa faveur, n’hésitant pas à retoucher imperceptiblement des couleurs naturellement sublimes d’une séduction tonale qui pare la restitution d’une « corpulence » affirmée, préférant la stature brute des costauds d’une époque, Charlton Heston, Victor Mature, Sean Connery aux musculatures dégraissées et comme affutées par Photoshop des stars actuelles. Euh, versant féminin ? Gina Lollobrigida face à Gwyneth Paltrow ? Est-ce alors cette légère bienveillance dans une zone basse du médium, ou un léger creux dans une zone plus haute ? Toujours est-il qu’on détectera çà et là, sur la longueur, une infime propension à la nasalité.

Qu’importe, du moment que l’on profite d’un beau panel de teintes et harmoniques ne laissant pas de doute sur qui fait quoi.

Exercice tenant à un habile jeu d’équilibre tonal donc, à preuve un aigu mat, retenu, qui préserve une logique de densité et rotondité au lieu de chercher un simulacre de piqué par une excision artificielle des attaques.

L’Atalante est en effet de ces petites enceintes qui cherchent à remplir un grand volume. Ainsi les ronflements des contrebasses (de Berlin (5 cordes ?), modèle de la catégorie gros V8) ou les impacts de grosse caisse, trompent-ils sur les dimensions réelles de l’objet par un agréable confort, au détriment, soit, d’une tension nerveuse ou de la perspicacité des transitoires ou encore d’une totale netteté dans le bas, pas très ferme.

Nous reconnaissons au bébé de Revival Audio de réussir vraiment bien ce délectable dosage entre confort et justesse, là où la plupart (des enceintes « bibliothèques ») soit se vautrent dans le stupre d’une chaleureuse viscosité, soit martyrisent l’oreille par une froide résolution d’optique au banc de mesure. Félicitations. Car autant ce petit arrangement avec la vérité n'est pas forcément le bienvenu quand le Philharmonique de Berlin est « filmé » par une captation déjà un rien capiteuse, autant il n’est pas désagréable lorsqu’on écoute une prise de son un peu maigre comme il en existe encore beaucoup en pop-rock (c’est tout l’un ou tout l’autre : surcharge de grave mou d’un côté et maigreur anémique de l’autre, le juste milieu n’étant pas si fréquent).

Ainsi sur le fort délicat album Pieces of Treasure alloué par Rickie Lee Jones lors d’un exercice tel qu’elle les aime (réécoutez le délicieux Pop Pop) à savoir reprendre des standards dans un univers inattendu, le confort procuré par les Atalante réchauffe finement les volutes poétiques de l’eau jetée sur les braises d’un sauna musical, déroulé par une fort belle équipe « chambriste », qui regroupe, selon les titres, les ingrédients rythmiques classiques complétés par un piano, une guitare, un oud… Atalante 3 honore joliment une artiste dont la voix a perdu du mordant, de la limpidité mais est sublimée par une fêlure – toujours teintée d’humour la retenant de trop en faire – qui côtoie l’engagement viscéral de Billie Holiday, version blanche de peau. Quelle diva raffinée dans September Song.

Et quelle surprise de ressentir le poids de la basse dans I Play My Bass Loud de Gina Birch qui, à 68 ans (!), signe son premier album solo. Honnêtement j’ai peu connu le groupe post-punk rapidement entièrement féminin (The Raincoats) au sein (hum) duquel elle a officié à la basse et au chant dès le départ (1977). Pas besoin pour apprécier des chansons efficaces, intelligentes, pleines de distance et d’esprit, une voix de gorge musclée plutôt jeune et une basse insistante qui sait aussi se faire légère (intro de An Then It Happened), au groove inspiré du reggae. Un gros son bien dosé, des idées sonores détorses peignant une ambiance très personnelle, décalée et même bizarre, des stances très variées mélodiquement, arpentant des genres différents sans jamais dévier d’une même pensée. Super. Et occasion d’une admirable démonstration d’énergie par les Atalante qui semblent apprécier l’exercice et cachent habilement que l’extrême grave n’est pas au rendez-vous ; on s’en moque : l’assaisonnement est indéniablement goûteux. En revanche, si énergie il y a, on ne parlera pas de punch. La pièce d’écoute est bien remplie, avec aisance et sans distorsion mais si vous cherchez des coups au plexus, eh bien, euh, comment dire : allez fouiner du côté de la sono.

A propos d’énergie, l’enceinte ne déteste pas être sur-tenue et même un peu poussée. Je veux dire que via un ampli un tant soit peu banal, une écoute à bas niveau va perdre beaucoup d’intérêt du fait de la perte de cohérence d’analyse.

Timbres :

DIAMs 6 Bleu

 

Equilibre tonal :

DIAMs 5 Bleu 1 gris

RA ATALANTE3 3

Scène sonore :

Le Catalan Jordi Savall, qu’on ne présente plus, continue la revisite d’un certain nombre d’œuvres majeures du grand répertoire classique (ou romantique : magnifiques symphonies de Schubert ou Beethoven), tel que le Requiem de Mozart enregistré en 2022, Rachel Redmond, Marianne Beate Kielland, Mingjie Lei, Manuel Walser, La Capella Nacional de Catalunya et bien sûr Le Concert des Nations.

Ce n’est pas tant l’obsession musicologique (le latin « viennois », les trombones, le Diapason 430) qui me transporte que la subtilité d’une interprétation qui ne se fourvoie pas dans le larmoyant – « 1, 2, 3, sortez vos mouchoirs, 4 : pleurez maintenant ! » – pour au contraire subrepticement révéler des fêlures dans la foi ambivalente d’un compositeur sans doute pas totalement en paix avec sa conscience ou en tout cas sa religion, opposant possiblement le carcan de l’une à ses interrogations sur l’autre, totalement catholique, soit, mais aussi affilié à une loge maçonnique, certes dans son versant « Lumières » plutôt qu’occultiste.

Une prise de son minutieuse et quelques instants franchement magiques, inspirés (merveilleuse Rachel Redmond que je ne connaissais pas me semble-t-il) définissent via l’Atalante 3 une scène très large, ouverte et respirante, débordant du cadre des enceintes.

En profondeur, si on ressent très correctement une sensation des perspectives, on ne saurait parler de relief. La définition sur les chœurs est parfois saisissante mais ils se situent sur le même plan que l’orchestre induisant que ce qui permet de juger de la perspective tient d’une bonne perception des réverbérations et des niveaux relatifs.

Nonobstant, si on connaît des enceintes qui révèlent plus distinctement les séparations de plans, la petite Revival se situe dans la bonne moyenne, car je ne parle pas ici d’une restitution plate et d’ailleurs je précise qu’il ne faut pas hésiter à jouer avec le placement, l’angle notamment ; et, c’est curieusement en plaçant, dans ma pièce d’écoute de ce jour, les n°3 avec le tweeter à l’intérieur (ai-je dit qu’elles sont symétriques ?) contrairement à la préconisation du fabricant (selon la distance qui les sépare) que j’ai pu procurer une profondeur pas spectaculaire mais cohérente. M’a plus manqué le relief interne, finalement, celui qui sculpte les instruments dans leur espace, sachant que je plaide coupable car je n’avais alors pas regardé le prix de ces jolis petits objets et ai souvent tendance à l’oublier en écrivant ces lignes !

Constat sensiblement identique sur un morceau léché de Ange extrait de Culinaire Lingus en 2001 où Christian Décamps est toujours très en forme, utilisant une voix qui ne vieillit pas plus que celle de Gina Birch pour continuer de mordre à coup de leçons de morale à deux balles, mais bon, c’est l’ADN du groupe ; où le fils, Tristan, a bien trouvé sa place. Le long premier morceau, Jusqu’où iront-ils ?, représente une belle séquence de rock progressif dont la dérive finale laisse une part importante à un batteur inventif l’air de rien (Benoit Cazzulini) enfonçant le tempo avec un professionnalisme – ça vaut pour le reste du groupe, indéniablement – qui fait oublier le côté un peu daté.

Le placement des musiciens bien défini à défaut d’une inconditionnelle stabilité sur la largeur est moins impressionnant en profondeur laissant place toutefois à une reconstitution d’espace à laquelle on s’habitue vite. Je ne peux m’empêcher de relier ce point à une carence de mordant sur les attaques de basse ou de batterie par exemple engendrant un manque de détourage ciselé des instruments.

DIAMs 6 Bleu

Malgré les réserves ? Oui parce que, comme précisé en cours de texte, j’ai tendance à oublier le prix de cette enceinte quand même en marge de la production.

 

 

Réalisme des détails :

A l’incisif, l’Atalante 3 préfère le soyeux ; si on s’en doutait dès le départ, un passage par le biscornu 3ème Quatuor à Cordes d’Alfred Schnittke par le Matangi Quartet le certifie.

Le compositeur russe nous a habitués à la juxtaposition souvent ironique de matériaux disparates… de là à citer dès les premières mesures une phrase du Stabat Mater de Roland de Lassus, le thème de la Grosse Fuge de Beethoven et le monogramme musical personnel de Dmitri Chostakovitch - DSCH – c’est quand même déstabilisant !

En fait, c’est peut-être une des meilleures représentations de la recherche de Schnittke : concevoir des oppositions flagrantes entre le monde contemporain et le monde ancien (ici le mode diatonique de Lassus) pour les synthétiser à un moment ou un autre ou créer des passerelles atemporelles, défiant toute référence codée. Ainsi dans le 3e mouvement, la figure tournante de la cadence tonale d’ouverture est progressivement incorporée dans le langage chromatique du premier.

Très beau travail de timbres et de lien par le Matangi Quartet qui ne peut que s’y retrouver dans une telle œuvre puisque la formation néerlandaise aime nous promener dans des styles de musique très différents.

Timbres et délié caractérisent aussi le langage des Atalante 3, plus que celui du rebond ou du grain. Ainsi les couleurs sont discriminées cependant que les matières sont assez peu caractérisées, si ce n’est par « la couleur dans la couleur », propension majoritaire de la haute-fidélité où donc la fort jolie petite enceinte française va trouver facilement sa place, d’autant que son prix la surclasse nettement face à des rivales bien plus coûteuses.

Car si ces petits machins ne sont pas des modèles de résolution, de piqué, ils globalisent avec beaucoup d’élégance et, somme toute, une très grande quantité d’informations, pour cocher pas mal de case de la perception musicale : pas hyper limpides, soit, mais jamais brouillonnes !

Personnellement je ne détesterais pas un surcroit de niaque car elle permet parfois de mieux décrypter des enregistrements « ronds » telles les Symphonies d’Antonín Dvorák extraites de la remarquable somme enregistrée par Jirí Belohlávek en 2012 et 2013 à la tête du (somptueux) Czech Philharmonic (Decca), chef d’orchestre aussi attaché à sa terre natale que le compositeur, ce qui pourvoie de couleurs contradictoires l’Opus 95, B178 « From the New World » comme lu par un expatrié nostalgique quand bien même la partition du Tchèque incorpore de nombreuses références à la musique indienne (d’Amérique). Faut le savoir, ça ne saute pas aux oreilles.

Tout est alors en « contours », en silhouettes d’eidôlons dans la restitution, évidemment résolues par l’emploi d’un ampli tel que le Zenith ZIA100 qui pourrait paraitre disproportionné face au prix de l’enceinte. Cela étant, ça le fait (comme on dit) et somme toute pourquoi pas ? L’enceinte suit plutôt bien ce genre d’excès que beaucoup d’autres digèrent mal.

Le mariage avec un Moonriver Ref 404 se passe vraiment bien aussi alors qu’on aurait pu craindre que l’ajout des « un peu plus beaux que nature » tournent à une rondeur sucrée de Loukoum. Eh bien non, accompagnée certes d’un DAC nerveux et expressif, c’est une association très réussie !

La liste n’est pas limitative mais donne une idée de l’orientation à privilégier me semble-t-il.

DIAMs 6 Bleu

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Qualité du swing, de la vitalité, de la dynamique :

Bon…

En ce qui concerne la dynamique, rien à redire. Sur de grands élans orchestraux, elle est souple, ample et déliée et repousse loin les limites du possible en éradiquant toutes formes de distorsions. Soit, je n’ai pas utilisé des amplis de 500 watts, mais pourquoi aurais-je dû le faire ? Dans une pièce de 31 m² (ouf, je suis dans la norme), très énergivore, je n’ai jamais souffert d’un manque, d’autant moins que la Revival n’incite pas à écouter « à fond plus un tour » pour au contraire indiquer assez facilement un niveau plaisant d’écoute en deçà duquel on est un rien frustrés et au-dessus, un poil perturbés.

Maintenant, swing et vitalité ?

J’ai choisi un album pas récent du Dave Holland Big Band : le jouissif What Goes Around, chez ECM (2002). Tonique, revigorant… de ces albums qui rejoignent une certaine tradition du Big Band où identifier ce qui relève de l’écriture ou de l’improvisation est quasi impossible…

Album animé à chaque étape par des figures innovantes assénées par des solistes hardis (Mark Gross, Antonio Hart, Chris Potter, Gary Smulyan, Robin Eubanks, Steve Nelson…) propulsant une musique inflexiblement ancrée dans la tradition du jazz grand public avec ses attributs indispensables – mélodie, rythme, harmonie, contrepoint – il a aussi le mérite de nous épargner autant que possible les postures narcissiques pas rares dans le jazz dit d’avant-garde.

Transmis par les Revival Atalante 3, ce Jazz de salon est plaisant, beau, élégant, racé même. Un rien pépère ? Non, mais, en ce qui me concerne, pas assez bondissant ; sachant que c’est un reproche que je fais à la grande majorité des machins hifi parmi les plus réputés.

Façon de dire que ça ne semble pas déplaire à tant d’auditeurs qui sont prêts à considérer que Hadouk Trio a le sens du swing. Autrement dit un critère aléatoire.

On va dire ça.

Et le redire lors d’une autre tentative : Lisa Marné, Like Young !

Qui est-ce ? Pas la moindre idée ! Je n’en avais jamais entendu parler, et on peut même se demander si la prétendue réédition d’un disque des années cinquante à soixante ne relève pas de la supercherie ! Qu’importe : l’album nous livre un jazz enjoué porté par une voix diabolique jouant de la fausseté avec panache, un enchantement hollywoodesque (néologisme assumé) tandis que, passant par les Atalante, la sale gosse au vibrato savoureux est un rien assagie. Pas grave, c’est sympa et joyeux et c’est ce qui compte.

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Expressivité :

Le corollaire des chapitres précédents va de soi : telle n’est pas la quête des Atalante 3. Vénusté, ductilité, majesté, « gros » son (pas gras), profusion, oui. Vocalité frémissante ? Non. Frissonnements à fleur de peau ? Non. Grains des textures ? Non.

Je ne parle pas d’émotion. Au risque de me rerépéter, l’émotion appartient à chacun et je suis convaincu que beaucoup y trouveront leur compte. Je parle d’éloquence artistique.

Je prends l’exemple de la touchante chanson d’Arthur H et son double maléfique Alice (le même que Liesa van der AA ?) : Recueillement ; poème de Charles Baudelaire (j’ai cherché parce que franchement, la qualité du texte tranchait avec la moyenne en vigueur). Si un système ne creuse pas au plus intime de la sensualité, ce grand moment devient simplement une adorable chanson, sous l’emprise d’un auto-tune pas forcément à sa place, de cliquetis numériques qui peuvent aussi bien passer pour des erreurs de masterisation alors que, matérialisés dans l’espace, ils prennent un sens dans la bataille opposant l’être torturé à son image diabolique dans un aveu de peur face au temps qui passe…

Je sais que ça n’a guère d’importance et donc je zappe la note.

 

Plaisir subjectif :

Pas de souci : face à une concurrence souvent insane, Atalante 3 déborde de vertus !

Je la recommande dès lors chaudement aux esthètes qui souhaitent profiter d’un grand spectacle, colorié, ample, séduisant sans vouloir dépenser une fortune ni sacrifier un précieux espace et n’ont pas besoin de se réfugier derrière des valeurs dites sûres qui n’ont rien de plus à dire mais coûtent plus cher.

Je pense que dans la presse de la Grande-Hifi-Internationale, ces objets ne recevraient que des éloges, méritées.

Ne lésinez pas sur l’amplification : ces surprenantes enceintes le méritent.

DIAMs 6 Bleu

 

Rapport Qualité/Prix :

Dans une philosophie sonore majoritaire, celle de la joliesse sonore face à l’expressivité, la vaillante Atalante 3 est incontestablement sur le podium (à l’ombre d’Hippomène ?), d’autant qu’elle a de l’allure.

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