par LeBeauSon - Août 2020
Chapitre 5 : LES SOURCES ANALOGIQUES hors microsillon :
On entend beaucoup parler d’un retour des magnétos à bandes. C’est un sujet à part car, pour l’instant, la vraie question concerne plutôt le catalogue musical qui sera disponible...
Imaginer que la technologie actuelle permettra là encore de dépasser l’ancien, on peut le faire sans risque. Beaucoup de magnétos renommés sont grandement surévalués, mais comment s’en rendre compte puisqu’il n’était pas rare à l’époque que les propriétaires de magnétos à bandes les utilisassent essentiellement pour enregistrer les concerts en direct, sur France Musique par exemple.
Ce qui nous amène aux tuners.
C’est un domaine où la notion de rénovation est d’autant plus délicate à appréhender que certaines références comme des Sequerra ou Magnum ont la vie dure et les fabricants de haut-de-gamme actuel présentant de moins en moins de tuners FM, les comparaisons sont plus floues. Mais je me disais que ne pas en parler serait une erreur. Ces piliers de l’histoire du tuner revêtent deux particularités :
- une sélectivité pas toujours géniale qui a un peu progressé avec le temps mais reste en dessous de tuners développés en Europe, tout simplement parce que, s’il y avait énormément de radios qui émettaient en FM aux Etats-Unis, elles étaient souvent locales et donc moins concentrées qu’en Europe où l’arrivée des radios libres a entrainé un empilage de fréquences utilisées.
- ils offrent souvent une musicalité un peu chaude qu’on amalgame volontiers à la FM comme un plus, alors qu’en fait elle résulte d’une globalisation élégante du signal, en contradiction avec le piqué et la subtilité plus véridiques que pouvaient délivrer des platines vinyles de la même époque. Mais il est vrai que les concerts en direct, pour la plupart captés avec peu de micros, alliés aux préamplis à tubes desdits micros, procuraient une sensation de naturel apocryphe.
L’arrivée du CD et une autre forme de simplification un peu tranchante, où les fins de notes artificielles de la FM étaient totalement apocopées par les balbutiements du numérique domestique, justifient par l’absurde la beauté de la FM d’antan.
J’ai, à la réflexion, une autre anecdote qui me vient à l’esprit et correspond à mes propres déceptions dans la nature même du travail de production. Avant que toute la chaîne - de la cabine d’enregistrement jusqu’au support final - ne devienne numérique, il y a eu une période intermédiaire dans l’analogique où les grands studios se sont entièrement rééquipées en consoles de mixage SSL. Parce qu’elles étaient plus riches musicalement ? Non : parce qu’elles étaient automatisées ! Ce qui, soit dit en passant, a aussi engendré des générations d’ingénieurs du son paresseux qui n’avaient plus la moindre sensation dans les doigts puisque les consoles mémorisaient les positions des curseurs. Combien alors ai-je pesté en ressentant la perte de douceur et de moelleux des Neve, d’autant que, en même temps, apparaissaient les générateurs d’effets - compresseurs, limiteurs, réverb, noise gate et tout ce que j’oublie - « solid state » dont les rendus n’étaient pas que progrès. Ou alors en moins bien.
D’accord les SSL étaient expressivement pauvres, mais si je réécoutais maintenant une Neve, est-ce que j’estimerais qu’elle surpasse les capacités de la production numérique haute-définition d’aujourd’hui lorsqu’elle est bien agencée ? Pas si sûr. Quand bien même je rêve d’un assemblage qui réunirait la prééminence des deux mondes.
… Re-re-flûte. Ou Zut. Je ne suis pas sûr que le Boss apprécie beaucoup ce qui, à force d’anecdotes, pourrait relever d’une démarche égotique. Je crois que je peux oublier les onze millions de dollars. Tant pis. Je vais quand même continuer…
… et clore le sujet des sources analogiques : qu’on ne vienne pas me dire que le magnétocassette était une bonne source. Nakamichi a repoussé loin les limites de ce support moyen, mais n’en a pas tiré des miracles non plus. Et quand on repense au prix des cassettes audio de type IV à bande métal, on a le droit de frémir rétroactivement.