MudrAkustik : Power Modul System
par LeBeauSon - Septembre 2020
Magic Boxes ? Washing Machines !
PERCEPTION D’ENSEMBLE
Dès qu’on a franchi l’étape des tâtonnements pour déterminer la meilleure combinaison des branchements sur les différents modules, le système PMS de Mudra Akustik apporte une notable – voire remarquable - consécration de la justesse tonale, charnelle et rythmique, sans aucune tricherie détectable ou flatterie arrangeante. La sensation de netteté est d’autant plus appréciable qu’elle n’est pas « chirurgicale » mais tisse une sensibilité de lecture surprenante de présence sensuelle.
Et ce pour un prix très tenu. Le meilleur rapport qualité-prix de barrettes que nous avons utilisées ou testées à ce jour. Or le système PMS est plus qu’une barrette.
Autrement dit, ce système est une option d’optimisation à bien réfléchir dès lors que vous estimerez avoir méticuleusement choisi les éléments « actifs » et les câbles de votre chaîne.
Bon alors : déjà que quantité de petits malins agressifs viennent planter leurs crocs néandertaliens à chaque fois qu’on remet leurs certitudes en question, tester un « ensemble » barrette électrique ne vas pas nous faire rentrer dans leurs petits papiers.
D’autant que, si la proposition PMS (Power Modul System) de MudrAkustik est loin d’atteindre les prix stratosphériques de certaines concurrentes, incluant celles qu’on utilise parfois pour nos tests, on n’est pas vraiment non plus dans le bon marché dès lors qu’on empile le mode combinatoire complet.
Tant pis pour ceux qui savent et adressons-nous à ceux qui cherchent.
Mais j’avoue à mon grand regret que, alors que nos pages voudraient piquer la curiosité de mélomanes ou adeptes d’objets inconnus, voire, mieux encore, de profanes curieux qui n’ont pas la moindre idée des arcanes de la prétentieuse haute-fidélité, ce genre de test sombre hélas dans ce qui apparaît comme de l’ésotérisme pur et simple.
Eh bien non, il s’agit de technique, certes obscure parfois, et de constats humains strictement indéniables par les fondations mêmes des doutes de l’humanité.
N’en déplaise aux vils esprits minables : débrouillez-vous avec ça et révisez vos classiques.
Serais-je en colère ? Non, affligé à la rigueur ; ma capacité à la relativisation vogue bien au-dessus de la colère.
Sans doute me suis-je un peu égaré, mais la ballade sur les réseaux sociaux où, sans le moindre respect, certains entrent dans l’insulte faute de capacité à construire leur pensée, justifie amplement mes précautions oratoires.
Fin de la parenthèse qui, je le crains, sera renouvelée par l’entêtement obtus, mais surtout mal élevé, de nos contradicteurs.
Alors MudrAkustic, ou Mudra Akustik, c’est selon, qu’est-ce donc ?
Je ne sais pas.
La marque a été fondée en 2000 par un Monsieur qui s’appelle Michael Akustik. Ou bien est-ce Mudra ? J’ai un doute. Basée dans les environs de Cologne et spécialisée dans le traitement de l’électricité, la marque semble particulièrement appréciée en Allemagne. Si ça ce n’est pas de l’info.
Au moins ne sommes-nous pas abreuvés d’informations inutiles sur les années d’études d’ingénieurs brillantissimes qui fabriquaient des centrales nucléaires dans leur garage à 14 ans.
C’est le résultat qui compte, non ? - dixit le lieu commun.
En l’occurrence nous avons testé 3 éléments cumulables de la série PMS sachant que, théoriquement, le premier module, appelé « Input », est incontournable.
Boitier de surface carrée (165 x 165 (plus vraiment un carré si on ajoute les connecteurs) x 110) réalisé en fines plaques d’aluminium, Input arbore 4 prises Schuko noires, non filtrées, sécurisées par un clapet. Des prises qui ne semblent guère audiophiles mais plutôt industrielles bien faites. L’ensemble a d’ailleurs un « look industriel », au sens de « destiné à l’industrie », ne cherchant pas à flatter la vanité de l’acquéreur. Pour tout dire, la présentation est même franchement spartiate. Et encombrante.
Un câble d’alimentation complète le module Input, muni d’une prise sécurité type PowerCon Neutrik 32 ampères.
Nous avons aussi pu tester un câble plus performant proposé en option. Il s’appelle HP pour High Power.
On viendra ensuite ajouter (ou pas, on peut passer directement au dernier module) un second boitier, dit « Filter », en l'enfichant sur le premier par deux connecteurs et solidarisé grâce à une « lyre » en aluminium (fournie) à visser en dessous. Ce deuxième bloc est aussi pourvu de 4 prises, grises cette fois, purifiées hautes fréquences donc, via deux étages de filtrage « complexes » (c’est eux qui le disent !) dont la capacité en courant de charge de 20 ampères rend ce module quasiment universel.
Le troisième boîtier s’enfiche (pas moi !) et se fixe de la même manière sur Filter, sachant que l’ordre est impératif (l’Allemagne, que voulez-vous…). Il s’appelle « Trafo » car il intègre un auto/transfo écran qui fournira au maximum 200 VA. Prudence excessive du distributeur français ? Car le site allemand annonce 250 VA. Mais sous le boîtier sont bien indiqués 200 VA (Ach... L'Allemagne ?)
Au moins les appellations des différents modules ont le mérite d’être claires !
Le boitier Trafo est muni de deux interrupteurs ; l’un est un on/off qui fait aussi office de réarmeur si le bloc disjoncte suite à une surcharge (ampli trop gourmand). MudrAkustik a en effet prévu divers modules équivalents au Trafo suivant la consommation de votre ou vos amplis.
L’autre est un commutateur bien utile permettant de by-passer le module filtre.
Le Trafo sera remplacé par un module dit « Trafo Control » ajouté à une « Black Box » disponible avec des transfos de 500, 1000 ou 1500 VA selon la gourmandise des amplificateurs. Comme Trafo, ces modules sont protégés par des disjoncteurs respectivement calibrés à 1, 3, 5 et 8 ampères.
Enfin, pour ceux qui auraient besoin de nombreuses prises, MudrAkustik propose également un module d’extension de 4 prises.
Les prix :
- Module Input : 560 €
- Module Filter : 610 €
- Module Trafo 200 VA : 680 €
- Module Trafo Control + Black Box 500 VA : 1 000 € / 1 000 VA : 1 450 € / 1 500 VA : 1 620 €
- Module d’extension Input : 390 €
- Câble optionnel HP ( pour High Power) testé : 475 € (pour 1, 5 m)
Nous avons patiemment procédé par étapes successives pour être sûr de bien comprendre l’apport ou la perte engendrés par chaque module.
Aussi n’avons-nous pas multiplié les disques, mais plutôt les croisements de modules.
Le plus gros des essais a été effectué en utilisant un convertisseur Atoll DAC300, un lecteur CD/DAC Accuphase DP430, un streamer/DAC Grandinote et un intégré Accuphase E380. Considérant, que, côté alimentation, ce sont quand même des bestiaux qui ont fait leurs preuves.
Des essais complémentaires ont été menés avec un ampli intégré Jolida JD303, un intégré 300B ainsi qu’un Lector ZXT-70 qui n’ont rien changé aux conclusions.
Enceintes Mulidine Cadence Optimisation « ++ »
Nous avons aussi voulu vérifier le comportement en phono avec un « petit » Prima d’Aurorasound derrière la remarquable platine Kuzma Stabi R + bras 4 Point-9 et une cellule Lyra Kleos SL (impédance à la limite du vaillant petit Prima).
Nous n’avons pas voulu pousser exagérément le câblage, aussi les essais ont été menés avec la série In-Tim d’Absolue Créations en modulation et haut-parleur, Fontainebleau en secteurs, et Neodio I50, L20 et P70.
Je ne citerai pas les deux barrettes qui ont servi de point de comparaison. Sachez que l’une est simple, bien réalisée et nettement plus performante qu’une Legrand de supermarché mais modeste quand même ; elle n’a jamais révélé d’aberration majeure ; du même prix environ que le module Input PMS, elle est un de nos trois repères croisés pour les tests d’appareils ; l’autre, sophistiquée, ambitieuse (qu’on se comprenne bien : l’ambition est celle des concepteurs évidemment) et coûteuse (6 000 € !!!), pousse très loin de nombreux critères d’écoute, mais…
Vous débarquez en hifi ? Je vous plains. Lisez la suite, ce sera plus utile que ces informations destinées aux habitués. Mais vous êtes surement un habitué de quelque chose, d’un domaine particulier ou les non-initiés se noieraient, n’est-ce pas. Personnellement, mes connaissances à propos de l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites* sont très limitées.
Et je ne suis pas non plus super informé en apiculture.
Alors que les sombres insectes forumeurs (ça vient de : forts en rumeurs ?) vrombissent autour de nos têtes accablées par la médiocrité.
Patron, je t’interdis de censurer ça.
Mais tu fais comme tu veux.
Patron.
Pour être tout à fait honnête, je me suis lancé dans le test avec un a priori défavorable. Côté barrettes et câbles secteurs, on a vécu plus de déceptions que de bonheur. Pire encore dès qu’il s’est agi de « filtres » ou « conditionneurs ». Le seul qui nous avait totalement convaincu avait un léger inconvénient : il buggait tout le temps. Les autres oscillaient entre « ouais bof » et la crise de rire. Tout en imaginant très bien ce que qui pouvait séduire sur ces derniers, à savoir une sensation d’énergie gonflée ; mais comme la grenouille de la fable si le système utilisé était un tant soit peu expressif, la finesse des traits de plume tournait au gribouillis. Certes quelques auto-transfos apportent parfois une aide appréciable…
Aussi, plus obsessionnellement que d’habitude, ai-je effectué plusieurs séances d’écoute avec des auditeurs divers.
RICHESSE DES TIMBRES ET ÉQUILIBRE TONAL :
Premier essai : intégré Accuphase E380 seul sur le module dit Input. Le violon de Nemanja Radulović (accompagné du Borusan Istanbul PO et Sascha Goetzel à la baguette pour un exceptionnel Concerto de Tchaïkovski en fichier HR chez DG) est plus matérialisé (que via un branchement sur notre honnête barrette de base) et la flamboyance du beau bouclé revêt un panache plus ébouriffant encore, sensations renforcées par un relief isolant l’espace du soliste de la masse orchestrale, indiquant un parti-pris de production que je n’aurais pas forcément remarqué sur l’ensemble en fonction.
En ajoutant le DAC sur Input, tous les instruments se concrétisent par une ossature palpable sous un déploiement plus tangible et joyeux des timbres, à la fois lumineux d’harmoniques et d’une plus convaincante densité.
Mais c’est en plaçant le DAC sur le bloc Filter que la verve naturelle du violoniste inspiré s’envole, tout en offrant un jeu plus subtil, alors qu’en plaçant l’ampli sur le même bloc Filter tout s’effondre, devient confus, cotonneux, mou.
Cependant, la meilleure combinaison consistera (en constatant la consistance (allitérations ?)) à laisser le DAC sur la section Filter, y ajouter le lecteur réseau, et passer l’ampli sur le bloc Trafo en by-passant le filtre.
Là, vraiment, le gain est colossal : les couleurs explosent littéralement d’une joie partagée entre un jeune orchestre enthousiaste, voire adulateur, et un soliste qui sait habilement revendiquer son talent indéniable sans se mettre exagérément en avant.
Cette configuration est indubitablement plus satisfaisante - aussi bien musicalement qu’en sensations physiques - que de placer les deux appareils sur le bloc Trafo non filtré, néanmoins deuxième option sur le podium parmi les diverses formules, information destinée à ceux qui ne voudraient pas forcément acquérir 3 blocs.
Quelle félicité sur les matières des cuivres qui burinent une empreinte dans l’atmosphère, enrichissant les teintes d’un support concret d’essence rutilante ! Et, derrière l’engagement – chemise béant sur les pectoraux saillants - du beau gosse du violon apparaissent tout à coup des tonalités et souplesses de jeu très attendrissantes, où l’on sent mieux, sous l’audace conquérante, postuler un dévot respect du texte et de la sensibilité de l’œuvre comme celle du compositeur torturé, contradictoire, féminin.
L’offrande sonore via le système PMS MudrAkustik est magnifique et le résultat surpasse alors une barrette de référence, sensiblement (?) plus coûteuse, qui garde pour elle un côté plus spectaculaire dont on vérifie enfin ce qu’on supposait depuis un moment, à savoir qu’elle fait un peu systématiquement saillir les biceps. Agréable, flatteuse et peut-être utile sur des chaînes un peu endormies (compensation, compensation, la Valse des Abominations…), cette compétitrice célèbre n’est pas tout à fait (pas du tout ?) juste.
Oui, je sais, c’est curieux et difficile à comprendre. Mais c’est comme ça.
Un rapide essai sur les mêmes disques en utilisant la carte numérique optionnelle DAC 50 de l’Accuphase conduit à la conclusion que cet ampli n’apprécie pas du tout le module Filter ; dans ce cas de figure, c’est clairement le module Trafo qui domine.
L’écart est pour le moins surprenant quand on procède à l’essai des mêmes alternances avec un préampli phono. Toutefois, c’est en branchant le préampli phono à côté de l’ampli sur le module Trafo que le résultat est le plus saisissant sur les Tableaux d’une Exposition par Lorin Maazel dans son époque Cleveland, où toute la lourdeur de la grosse caisse et des contrebasses disparait au profit d’une plausibilité supérieure pertinemment tendue, d’une définition des timbres par les teintes et substances redoutable, d’une ductilité somptueuse et d’une luminosité interne singulière dans un enregistrement pourtant plutôt mat. Quel cor magnifique dans « Bydlo », très exposé par le tempo lent choisi par Maazel, vibrant et comme damasquiné, idem dans « la Grande Porte de Kiev » ; la multitude instrumentale facétieuse des « Tuileries » ou « le Ballet des Poussins » est savoureuse à souhait…
Le câble dit HP (High Power) optionnel ne révolutionne pas l’identité des timbres, cependant, comme on le constate à l’écoute de la Symphonie n°3 de Lutosławski dans la rigoureuse lecture gorgée de mystère de Hannu Lintu avec le Finnish RSO, on profite d’un détourage à la fois plus incisif et plus « fruité » des instruments, et les vagues ondulantes des pupitres nous embarquent dans un mouvement perpétuel d’une acuité remarquable, particulièrement perceptible dans le premier mouvement (qui suit l’Introduction).
Pour une raison que je ne comprends pas, la platine vinyle Kuzma ne semble pas aimer, même en changeant de câble secteur (pour info, ni Neodio, ni Absolue), le passage par le module Input. J’aurais bien aimé faire le test sur Trafo, mais voilà : il n’y a que deux prises. D’où l’utilité d’un module d’extension.
Pourtant, nous allons insister le lendemain via un troisième câble secteur sur la Kuzma ! Et là, d’une part nous mènerons plus loin la restitution vinyle (alors que le câble (Wing) est le moins cher des trois), mais c’est bien en passant par Input (à défaut de pouvoir tester Trafo (oui, c’est un langage crypté !)) que nous allons obtenir des vibratos frémissants, une lente montée venant de plus loin et une définition inouïe sur « Fêtes » (Les Nocturnes) de Debussy par Paul Paray et le Detroit Symphony (1962).
Je suis à la fois soulagé et dubitatif, car je trouve ce genre de constat pour le moins déstabilisant, sans pour autant avoir le moindre doute sur nos conclusions confirmées par une nouvelle comparaison sur Big Science de Laurie Anderson.
J’entends déjà les piailleries indignées !
TIMBRES ET ÉQUILIBRE TONAL :
Je suis quand même bien embarrassé de devoir mettre des notes. D’abord du fait des nombreuses possibilités et surtout faire rentrer des accessoires dans les codes des appareils est un peu délicat, mais bon, s’il le faut :
Bien évidemment, je note la version d’utilisation affinée, pas module par module.
SCÈNE SONORE :
Sur le même Moussorgski/Ravel (Maazel, Cleveland, tout le monde suit ?) et via la même combinaison, la rigueur du placement des instruments sur une scène cohérente est patente ; la sensation d’un positionnement plausible face à l’orchestre rapproche intimement de la lecture par Maazel qui ne cherche pas l’éclat ou la démonstration mais suggère au contraire une nonchalante introspection, sorte de déambulation solitaire qui décrit moins les tableaux que les échos mélancoliques du visiteur de hasard à la découverte de ceux-ci.
Je dois avouer mon heureux décontenancement à voir comme le temps – et mon intransigeance subséquente en matériel de reproduction - m’a lentement fait apparaître la puissance introspective de cette version qui, lorsque je l’ai découverte il y a, ouh là, 35 ans ? m’avait paru d’une grande banalité.
Avec l’ampli seul sur Input, le Borusan Istanbul PO (je suis revenu à Tchaïkovski en HR ; mon parcours est erratique ? Oui) octroie un relief explicite ; on gagne certes en homogénéité en ajoutant le DAC à Input, mais c’est indéniablement en le connectant sur Filter que l’apport prend tout son sens : le poids des matières noté au chapitre précédent est accompagnée d’une perspective générale étageant plus scrupuleusement l’orchestre dans la salle, dont on comprend sans doute aucun l’acoustique puisque, parallèlement, la réverbération qui paraissait artificielle, un peu fatigante sans les PMS, s’intègre bien plus évidemment en profondeur et en déroulement.
Comme expliqué ci-dessus plus haut (en amont donc), lorsqu’on branche l’ampli sur le bloc Filter, on régresse sans concession vers une sorte de flou pas même artistique, le jeu bondissant du franco-serbe perd de l’élan, érodé par l’asthénie de repère dans la scène.
Les conclusions sont les mêmes que pour les timbres : l’ordonnancement lecteur réseau + DAC sur le bloc Filter et ampli sur le bloc Trafo non filtré, exalte la respiration de l’orchestre en trois dimensions (quatre ? On inclut la notion de tempo ?), investit notre salon d’une surprenante tangibilité, la réverbération gênante sans les bidules MudrAkustic, en se déployant avec une exacte harmonie temporelle une fois la bonne formule PMS trouvée, ouvrant devant nos yeux ravis une crédibilité succulente des dimensionnements que nous n’attendions pas du système alors en action, certes de haut niveau mais quand même pas le plus abouti qu’on puisse assembler. Petite cerise sur le gâteau ? Passez au câble optionnel High Power afin d’aller au bout de la « présence habitée » des silences et arcanes sombres sur le Lutosławski !
La redécouverte -… Non, c’est une vraie découverte ! de la version d’André Prévin avec le LSO en 1973 des Planètes de Holst (Angels Record) est purement et simplement bouleversante. Je développerai dans un chapitre ultérieur mais quelle démonstration de la qualité de stabilité et de silence procure incontestablement l’ensemble PMS. C’est stupéfiant de précision spatiale au sein d’un déferlement de cuivres et bois parfois totalement libérés par un chef qui sait parfaitement ce dont la phalange est capable, avec une puissance ahurissante, mais où jamais la poussée déferlante de décibels ne fait varier l’emplacement, les couleurs, les dimensionnements…
Toutes conclusions corroborées à l’écoute en CD de la Symphonie n°2 de Mahler par Abbado et l’Orchestre du Festival de Lucerne, où la folle élégance du « tailleur d’images » - et ses complices dont il sait habilement mettre en valeur toutes les facettes de talents superlatifs -, est transcendée en raccordant le lecteur Accuphase DP430 au bloc Filter.
Et même
Avec le câble High Power.
RÉALISME DES DÉTAILS :
Vérification que la composition DAC sur Filter et ampli sur Trafo domine, à l’écoute du déroutant Masaot/Clocks Without Hands d’Olga Neuwirth par le Wiener Philharmoniker sous la baguette de Daniel Harding, où le retour sur la « barrette repère » pas cadeau déçoit par une moindre limpidité et un appauvrissement de la colorimétrie, noyées comme un brouillon du même texte, toutes évidences qui ne nous étaient jamais apparues irréfragables jusqu’alors ; soit, nous disposons, à côté de cela, de barrettes procurant plus d’ouverture et de transparence, qui pour autant n’avaient jamais procuré de frustration au moment de revenir à ce modèle intermédiaire.
Là, si !
Le système PMS repousse toute forme d’opacité ou de flou : jamais « la vitre sur la musique » n’a été aussi bien nettoyée jusque dans les angles et sa propreté comme ses dimensions finales ne dépendent que de la qualité des éléments qui composent votre chaîne. Sur ceux utilisés lors de nos tests, la vitre est comme neuve ! Ou les dioptries plus finement ajustées… C’est d’autant plus consternant qu’en observant les modules PMS, on est quand même loin des obsessions des impératifs audiophiles, des contacts au Rhodium ou en or pur…
Pour une fois, j’ai la tentation d’ouvrir un appareil pour percer le mystère.
L’opus de la facétieuse compositrice autrichienne, sorte d’hommage parfois délirant voire iconoclaste à son compatriote Gustav Mahler, irradie des couleurs blessées dans un festival de rythmes, de pupitres osant toutes les dissonances, toutes les confusions ; or, avec l’apport du système MudrAkustik, la chaîne de test va explorer, ciseler, picorer, dénuder à fleur de peau le canevas abondant grâce à une résolution largement accrue et un moelleux bienveillant, sur les cordes notamment, pourtant souvent volontairement affutées à la limite de rupture de l’acidité.
Pour tout dire, toute cette opération de test me met mal à l’aise.
La densité des silences semble repousser la précision optique vers les profondeurs insondables de la nuit, sans la moindre simplification d’analyse par extraction ou détourage artificiel.
De même dans « Why » de Dani Siciliano, la diction, scansion (ainsi que le balancement groovant) des « one, two, three, four » qui rythment le long développement de la chanson, sont d’une rare intelligibilité sans la moindre forme de surexposition ou extraction, bien sûr ; le poids du piano est idéal et la flexibilité émergeant des flots contrôlés d’extrême grave nourrit pleinement la capacité des Cadence « ++ » à timbrer dans un secteur souvent simplifié à l’excès, expérience enrichie encore grâce au câble High Power optionnel. Nous sommes ravis de la performance, habituellement atteinte par des appareils (source, amplis) nettement plus sophistiqués.
Autrement dit : les outils MudrAkustik viennent concurrencer une évolution notable de gamme des appareils de reproduction, leçon à retenir dès lors qu’on est sûr de ses choix sur les fondamentaux.
En vinyle, le Quatuor pour la Fin des Temps (visité par Yordanoff, Tétard, Desurmond, Barenboim) nous mène vers la conclusion que le préampli phono Prima n’aime pas du tout le module Filter où tout devient nébuleux et gris, alors qu’en le branchant sur le module Trafo, les musiciens édifient chacun leur espace, se singularisent par leur contour propre et leur vitalité affinée et étincelante.
Avec le câble High Power.
QUALITÉ DU SWING, DE LA VITALITÉ, DE LA DYNAMIQUE :
Le contrôle de l’énergie sera particulièrement inaccoutumé sur le bien blindé « Caffeine » (album Angel Dust) de Faith No More où les variations d’ivresse de la basse de Billy Gould revendiquent une saveur et des fumets particulièrement bienvenues dans la charge ravageuse, sans jamais se confondre avec les déflagrations de mitrailleuse lourde assénées par Mike Bordin dont paradoxalement la caisse claire est singulièrement fine en harmoniques. On pourra, sur ce genre de musique débordant parfois un peu beaucoup de testostérone, préférer notre barrette repère pour son aptitude à encourager plus encore la complaisance du gros son, mais au détriment des nuances d’un album qui n’est quand même pas que bourrin pour, au contraire, briguer un territoire expérimental gonflé dans ce genre de musique et de label, même si, côté expérimentation et total n’importe quoi, Mike Patton est allé plus loin avec Mr. Bungle !… Ou Tetema, ou… oui, la liste est longue.
On vérifie que c’est toujours à travers la conjonction élue que s’affirment couleurs éclatantes, meilleure interprétation et, curieusement, meilleure perception de l’atmosphère de l’enregistrement, plus joliment et justement daté (1966) de The Popular Duke Ellington ; les élucubrations hallucinées de Cat Anderson ou Johnny Hodges éclaboussent de cuivre incandescent la joyeuse effervescence, et évidemment le swing sous-cutané de la bande du Duke, nous entraînent implacablement dans le tourbillon virevoltant ou le groove paresseux (« Mood Indigo »).
Quel bonheur. Je n’aurais pas cru l’E380 Accu capable de nous plonger si naturellement dans ces eaux pures.
Vinyle maintenant ? « The Rythm of the Heat », Peter Gabriel, bravo, conforte la solution où préampli phono et ampli s’appuient sur le module Trafo pour décrypter à cœur le magma des nappes et heurts de Prophet, Moog, CMI Fairlight, le Chapman Stick lyrique de Tony Levin enfoncé dans le sol et les percus diverses et prolixes anoblies d’exotisme.
La voix de l’Archange est alors éminemment poignante, comme éraillée par l’épuisement… et les petits rebonds rythmiques gauche droite des percussions boisées d’une netteté exceptionnelle, encore une fois plutôt étonnante compte tenu du système (bon, certes, la platine vinyle n’est vraiment pas milieu de gamme) ), lequel, paraît d’ailleurs bien plus « grand » que d’habitude par l’ampleur et le souffle, mais aussi la capacité à délivrer sans la moindre perte d’intelligibilité ou tenue un niveau sonore difficilement exploitable au quotidien !
Pourquoi pas 6 diamants bleus ? Je ne sais pas.
Du fait de l’incongruité de réaction de la platine Kuzma en dépit du changement de câble intermédiaire ? Un câble qui se contente de faire tourner un moteur mais pourtant crée des ambiguïtés déstabilisantes ?
Peut-être.
Mais toi qui découvres la plaisanterie de la haute-fidélité, ne t’inquiète pas outre mesure : la platine Kuzma Stabi R atteint des altitudes musicales que tu n’imagines pas, même mal câblée.
Oh et puis tiens, je reconsidère ma note :
Avec le câble High Power !
EXPRESSIVITÉ :
Pas difficile de conclure sur ce point qui nous est cher : en affinant la bonne formule PMS, et d’autant plus en s’offrant le câble High Power, c’est évidemment l’expression musicale qui sort gagnante ; par la supériorité des matières, du grain des instruments, la présence physique et l’incarnation qui transcendent le système, certes déjà très bon mais jamais entendu à ce niveau.
Un petit passage par la remasterisation HR de « The Garden » d’Einstürzende Neubauten confirme que les étapes successives d’essais (pas de barrette, puis Input seule, puis source numérique sur Filter, puis ampli sur Trafo) déterminent une progression régulière de la chaleur vibrante, envoûtante, quasi-désespérée, de Blixa Bargeld, les vagues plus creusées en émouvantes évolutions que d’habitude de la puissante basse de Alexander Hacke, une scénographie en 3D de plus en plus véridique, une crédibilité d’incarnation et d’articulations confinant au dramatique et surtout les cordes nettement moins synthétiques que parfois, où une franche séparation des lignes internes et de la réverb ainsi qu’une graduelle plénitude de densité, en rendent la lisibilité plus ponctuelle et moins crispante à système égal sans cette ligne PMS optimisée.
On en sera définitivement convaincu à l’écoute des Planètes sus-évoquées, sur l’Accu E380 qui me surprend quand même dans cette configuration, œuvre à priori bardée d’hymnes radieux ou d’accroches romantiques un peu racoleuses, que Prévin hisse au rang de chef d’œuvre, lui-même semblant investi d’une mission : exposer l’inouï potentiel musical et émotionnel de ces « portraits » de planètes dès lors qu’ils ne servent pas qu’à la démonstration triomphante : ses audaces sur des glissements rythmiques fréquents, sa minutie obstinée et si délicate à ciseler tous les contours, frémissements d’arômes, y compris dans les climax endoréiques, son sens des couleurs, soutenus par un orchestre absolument parfait jusque dans les passages où l’intransigeance expose solistes ou pupitres sous les projecteurs d’un homme pénétré, nous embarquent dans un maelström inouï où Debussy, Ravel, Richard Strauss et Vaughan-Williams auraient lors d’une étrange communion investi le même génie musical.
Idem en vinyle : en dépit de la médiocrité du pressage, « The Gloaming » ou « Myxomatosis » arborent une compréhension sensible des « virtuoses » compositeurs de Radiohead, notamment en découpant les lignes de basse sans amaigrir l’onctuosité et l’ingéniosité rythmique redoutable de telles perles créatives. La présence organique installée solidement au sein du fatras par l’adjonction de la barrette PMS remplit en grande partie le creux habituel de ma pièce sur le même système d’écoute, donne du corps - que j’obtiens parfois certes mais au détriment de la lisibilité - qui injecte dans les veines un lien très intime aux artistes, leurs intentions les plus délicates, les pétillements d’étincelles crépitant comme les Pop Rocks de Zeta Espacial sur le début (et tout au long) de « The Gloaming », la liberté surnaturelle de Thom Yorke survolant comme en apesanteur une latitude harmonique sidérante de grâce, y compris lorsque sa voix de chœur accompagne sa mélodie de chant habitée comme jamais d’une ligne céleste, ou encore la frappe diaboliquement précise de Phil Selway (« Myxomatisis ») étalant une variété d’idées et de touchers soudainement flagrante (que ne le refait-il en live…), qui balaye la froideur mécanique de ses séquences complexes (sacré boulot que ce Monsieur fait là !) au profit d’une intensité musicale émotionnellement déstabilisatrice, pas uniquement bâtie sur l'inventivité harmonique du groupe ou la ferveur - perçue elle aussi plus impliquée et moins pleurnicharde que parfois - du phénoménal Thom.
PLAISIR SUBJECTIF :
Or sujet, je suppose ; je n’ai aucun doute que certains préfèreront le côté bodybuildé d’autres barrettes, y compris une de celles que nous aimons bien et utilisons souvent ; mais il est clair que, à défaut d’oser parler de justesse, on pourra évoquer ce qui l’est plus ou moins (juste) et la bonne combinaison MudrAkustik l’est incontestablement plus…
Même si ça reste un mystère technique pour beaucoup d’entre nous. D’autant que, refusant de démonter les modules (ce qui n’est pourtant pas bien compliqué), on ne soupçonne pas d’alchimie divinatoire particulière.
Bref, contentons-nous de nos constats statistiques en dépit de l’aplomb de ceux qui prétendent savoir.
RAPPORT QUALITÉ/PRIX :
Disons que, peut-être, nous connaissons des barrettes qui, dans l’absolu, vont (peut-être encore) plus loin sur les mêmes critères, mais leur prix dépasse amplement celui des enceintes utilisées ici, ce qui nous a amenés à refuser le comparatif qui n’aurait plus été honnête ou significatif. Déjà que…
Objectivement, la limite du système Mudra Akustik tiendra à la nécessité de bien trouver le mode d’utilisation adapté à vos sources et amplification. Ma seule interrogation concerne ce qu’apporterait (ou retrancherait) un module Trafo plus gros.
Et je suis prêt à admettre qu’il y aura des cas de figure où son travail de fond sera hélas révélateur d’une médiocrité des choix en aval. Tant pis pour vous, la langue de bois me pèse.
Et si les trois amplificateurs intégrés que nous avons utilisés n’ont pas apprécié le module Filter, il n’est pas impossible que certains amplis numériques par exemple s’en satisfassent pleinement. Un rapide essai sur un Devialet 220 sorti du placard abonde dans ce sens, sans bouleversifier non plus le topo.
En l’occurrence, les systèmes que nous avons choisis pour ces tests ont nécessité les trois modules pour tirer le meilleur ; toutefois, ayez bien en tête que la barrette (Input) seule fait déjà un excellent travail pour un prix extrêmement raisonnable.
Mais, dans l’absolu, le rapport qualité/prix de l’ensemble est franchement remarquable, surtout si l’on songe qu’on pourra faire progresser sa « barrette » dans le temps.
Les piquousés du vinyle pourront peut-être zapper le module Filter.
Conclusion : peaufinez bien votre propre formule avec votre revendeur préféré.
* Libération a écrit, à l’époque de la ressortie du film : « à sa façon une sorte de film quantique. Il fait tenir ensemble des forces invisibles mais d'une puissance phénoménale ».
Quantique ? Je crois que ça va offenser quelques crétins décérébrés qui nous assaillent sans le début du commencement d’un argument.
Oui, je persiste et signe.