à l’oreille





Métronome Technologie DSs

par LeBeauSon - Décembre 2020


Perception d’ensemble

Lecteur réseau pur (ce qui signifie qu’il faut lui adjoindre un convertisseur), le « petit » DSs trouve aisément sa place dans la jungle marécageuse de ce type d’objets, « sources » de tant de questionnements.

D’autant que, pour une fois, l’appareil est vraiment « plug and play ».

Si le déploiement harmonique semble quelque peu contraint, palettes tonale et colorimétrique sont en revanche très convaincantes : … l’orchestre symphonique est rigoureux et le DSs se débrouille bien de ses belles couleurs et matières (les bois notamment)…

… Si on devine qu’on ne va pas jusqu’aux tréfonds de la sensibilité frémissante des musiciens, la notion de relief sonore est remarquable.

L’appareil est clairement plus orienté modulations gouleyantes que ciselage de dentelière… Pour autant, la transparence est homogène et même, on ne peut que louer la profusion d’informations en sous-couches.

On ne s’ennuie pas en compagnie du cadet Métronome - alors que c’est si souvent le cas avec la hifi chère -, même si le DSs ne nous laisse pas tout à fait atteindre le cœur des musiciens…

Mais il faut prendre en compte le prix et la gamme de l’appareil : par sa douceur élégante, son sens des couleurs et son homogénéité de résolution, il n’y a pas grand-chose à reprocher à ce transport, en notant toutefois qu’il ne faudra pas lésiner côté câble secteur et évidemment Spdif, RCA ou AES/EBU pour ne pas passer à côté.

DIAMs 5 ORANGEs

 

NB : code couleur de nos Diamants pour ce modèle : Orange (3200 à 6500 €) ce qui place le DSs en bas de l’échelle, point dont il faudra tenir compte.

 Metronome DSs 1

 

Métronome Technologie est une société française de haut-de-gamme (traduisez : chère) qui a le bon goût d’écrire son nom à la française. Merci déjà rien que pour ça.

Tout a commencé par la passion d’un homme pour la mécanique : Dominique Giner. A la fin des années 80, il entreprend la fabrication d’un transport CD qu’il veut inscrire dans les annales de la haute-fidélité. De ses détermination et talent naîtra l’emblématique Kalista.

Métronome Technologie ayant changé de mains en 2014 (?), Kalista est devenu aujourd’hui le nom de la collection élitiste de la marque, incluant une platine vinyle reprenant l’esthétique du lecteur CD et des enceintes parmi les plus moches qu’on puisse inventer. Pardon. Mais bon, des fois…

Je sais que l’attente plastique de l’audiophile est rarement la même que celle de l’esthète, donc j’ai évidemment tort. Je reconnais d’ailleurs que les enceintes dont le design est pensé en lui-même sont rarement qualitatives musicalement. Soit. Mais les enceintes moches ne l’étant guère plus, on passe de plus ou moins faux à tout faux.

Ce n’est pas le sujet du jour, heureusement, et Métronome, outre les produits difficilement accessibles, a pensé à étendre la renommée de la marque vers des produits plus démocratiques dont un « quasi-abordable » lecteur réseau nommé DSs, objet du test. Possiblement l’appareil le moins cher proposé par la marque à ce jour.

Puisque, en dépit des apparences, nous envisageons toujours de parler à des non-initiés, je précise qu’un lecteur réseau est une passerelle entre un monde virtuel, fournisseurs de flux (Qobuz, parmi les plus qualitatifs), serveurs, radios internet (parmi les fournisseurs de flux), des clefs USB ou apparentées – et votre cher (pas toujours) système de reproduction sonore.

Le DSs Métronome étant vraiment un passeur (au sens de celui qui fait passer les frontières), il aura besoin d’un convertisseur (au sens d’interprète) en aval pour transformer le flux numérique en signal compréhensible par votre amplification.

Personnellement, quand bien même je privilégie autant que possible l’intégration en lieu et place des sacro-saints éléments séparés, c’est une solution, en lecture numérique, que j’aime bien car c’est le domaine le plus fluctuant côté évolution technologique et séparer « transport » et « convertisseur » est un moyen de se maintenir à jour.

Mais c’est aussi un sujet épineux car de nombreux savants « experts » aboyeurs estiment que traiter des 0 et des 1 ne justifie pas les prix des lecteurs réseaux haut-de-gamme. Si la justification du prix en haute-fidélité est un vrai questionnement, il n’en reste pas moins que considérer qu’un Sonos fait le même travail qu’un Antipodes ou Audionec relève de l’Inquisition.

Oui, c’est une métaphore qui sort du cadre de vocabulaire de quelques-uns de nos contemporains, mais enfin, quand même.

D’autant que les mêmes audiophiles sérieux vont s’obstiner à défendre les uns Audirvana contre JPlay-Streamer ou sa majesté Roon les autres (et j’en oublie dans les querelles), ce qui prouve définitivement qu’une succession de 0 et de 1 n’est pas un domaine plus sûr que la traversée d’un champ de mines armé d’une une baguette de sourcier (j’ai décidé de réaliser un BE consacré au bon goût).

Et quid du silence des alimentations, du bruit numérique et le reste des errances de flux dans les comparaisons effectuées par ceux qui savent ? Je l’ignore. Or, c’est un vaste sujet.

Il y a aussi, évidemment, les consommateurs peu ou prou amateurs de musique qui refusent l’idée d’accoler l’ordinateur à leur plaisir musical et choisissent un appareil qui en prend la fonction et qui, dédié, étudié pour, est supposé aller facilement plus loin qu’une solution informatique confusément maitrisée.

Il n’y a pas de vérité pure dans le domaine, mais il se trouve qu’après avoir testé des solutions objectivement qualitatives par l’entremise d’un ordinateur domestique portable ou non, l’hypothèse d’utiliser l’objet damné de l’informatique par excellence (l’ordi) pour vivre la musique m’exaspère, car je déteste l’informatique en tant que telle : quand même un des rares domaines de l’évolution technologique qui nous imposent les règles là où tout outil est supposé nous servir sans avoir à rendre de compte. Ou prier pour que ça marche.

Et donc, quitte à choisir un lecteur réseau, pourquoi pas un Métronome, marque de renom internationale surtout quand l’objet n’atteint pas encore un prix stratosphérique.

Bon 3500 balles tout de même. A ce prix, l’approximation est exclue.

Pur lecteur réseau, cela signifie que le Métronome DSs ne stocke pas. Sinon j’aurais ajouté « serveur ». Autrement dit, si vous souhaitez acheter des fichiers ou ripper votre CDthèque, il vous faudra prévoir un NAS (serveur) informatique (ça ne coûte pas forcément une fortune) ou à minima un disque dur.

Je présume qu’à la lecture de ce gourbi préliminaire, le boss va me demander de rédiger un article pour éclaircir ce monde en apparence obscur de la musique dite « dématérialisée ». Je vous rassure, à l’arrivée, c’est très simple.

Et tout particulièrement avec le Métronome DSs : on le connecte au réseau, on le relie au convertisseur, on ouvre l’application sur son smartphone et hop : musique !

Croyez-nous, ce n’est pas toujours aussi aisé.

Ah tiens, j’ai oublié un détail : il faut le brancher à l’électricité et le mettre en route. Suis-je étourdi.

Le DSs est un petit format (250 x 250 x 70) et 5 kgs. La façade en aluminium a failli être sobre, composée de 12 rectangles verticaux voulant évoquer des touches de piano pour bien nous faire comprendre que chez Métronome Technologie, on aime la musique.

L’appareil est proposé en noir ou « silver ».

La troisième touche en partant de la gauche est bleue et illumine le voyant on/off lorsque l’appareil est prêt à fonctionner. Les trois triangles opposés en pyramide du logo sont placés en bas de la deuxième touche en partant de la droite. Au cas où vous ne verriez pas les photos.

L’arrière est plus intéressant puisqu’il nous renseigne sur la vocation de la machine : on constate ainsi que l’appareil est prévu pour une connexion Ethernet (pas de wifi, sauf à passer par un dongle (lequel ?) ; contraignant certes, mais pas plus mal) et deux entrées pour clef ou disque USB. Il est aussi compatible Airplay (super, à ce niveau de gamme).

Les sorties sont plus surprenantes et justifient un « ggrrrr » très très agacé : S/Pdif  RCA, Toslink, XLR (AES/EBU).

Pas de sortie USB !!!!!!!

J’imagine déjà les prétextes de techniciens. Que je ne veux même pas connaître : ils sont inexcusables.

Bon, sans aucun doute, une sortie S/Pdif est parfaitement qualitative, mais moins universelle.

Il y a en revanche une sortie dite I²S sans autre précision ; I²S n’étant pas à proprement parler une norme, cette sortie est incompatible (j’ai fait le test !) avec les rares DAC pourvus d’une entrée HDMI, alors que cette sortie est appelée HDMI dans une partie du mode d’emploi (en anglais). Mais à une autre page du mode d’emploi il est dit qu’il faut demander à votre revendeur d’adapter cette sortie à l’entrée I²S de votre DAC. Ben oui, mais si le fabricant du convertisseur ne veut pas communiquer son protocole ?

Ah oui, autre gag : le convertisseur d’entrée de gamme de Métronome, appelé Le DAC (5 700 €) n’a pas d’entrée I²S. Mais… une entrée USB.

Allez, oublions la désinvolture (qui honnêtement me fout dans une colère que vous n’imaginez pas, impression dérangeante d’une sorte de mépris de la marque pour l’entrée de gamme) ; seule la qualité compte.

Pour la majorité d’entre nous, le fait que ce lecteur réseau puisse traiter des fichiers DSD n’est donc pas d’une grande utilité à la possible excuse près que, puisqu’ils sont transcrit en DoP, autrement dit transformés en PCM (c’est du chinois ? Non, essayez le mandarin, vous verrez), on peut peut-être les lire quand même en version réduite ?

Pour les autres formats, donc PCM, il est déconcertant que sur la page du site officiel (celui de la marque) imbitable (le mot est dans le dico), on découvre deux informations contradictoires puisqu’à un moment est indiqué que l’appareil traite jusqu’au 24/192, et à l’autre jusqu’au 24/384. Mais ça dit aussi que toutes les sorties acceptent le DSD et le 24/384. En S/Pdif ?????

Alors j’ai fait le test via MConnect : le DSD, ça marche pas !

Allez plutôt sur le site du distributeur : plus concis, il se concentre sur l’essentiel.

Pourquoi MConnect ? Parce que Métronome ne propose pas d’application propriétaire mais, normé UPnP ou DLNA, vous pourrez piloter votre Métronome depuis au moins MConnect ou Bubble UPnP selon l’univers ou la méthode que vous préférez, IOS ou Android. Bonne nouvelle, le DSs est aussi Roon compatible.

Un point vraiment reposant avec le DSs que j’ai déjà évoqué un peu plus haut : ce lecteur réseau est réellement « Plug and Play » : MConnect le détecte immédiatement et, à aucun moment pendant les longues phases des essais, nous n’avons connu la moindre instabilité, le moindre blocage ou caprice de comportement.

Ça devrait aller de soi, mais ce n’est hélas pas le cas. Les crises d’agacement avec des machines capricieuses ou qui requièrent des rituels complexes pour fonctionner et qui bloquent ou décrochent parfois incompréhensiblement en cours de lecture sont légion.

 

Metronome DSs 4

Pour tester le DSs, nous avons utilisé essentiellement deux sorties : RCA et AES/EBU. En nous privant donc de ce qui est probablement la meilleure option : l’I²S.

DAC Atoll DAC300, EERA Majestuoso II, Accuphase DP430.

Pour les reste, des classiques chez nous : Accuphase E380, Grandinote Shinai, Tsakiridis Hermes (pas sur l’entrée USB, évidemment), Kondo Overture II, Mulidine Cadence base et « ++ », Atlantis Lab AT18 Pro, Davis Courbet 5…

Câbles Absolue Créations, Legato, Neodio, Mudra.

Allez zou, on passe aux vrais plaisirs des bancs d’essai : la musique !

 

 

RICHESSE DES TIMBRES ET ÉQUILIBRE TONAL :

Dès les grondements des contrebasses, violoncelles, bassons introductifs de la Symphonie n°4 de Sibelius par le Hallé Orchestra, Sir Mark Elder et le DSs donnent le ton : concentration, introspection et retenue. Version sombre et lente proposée par le chef britannique, en dépit d’un allegro molto vivace étonnamment vif après la solennité marmoréenne du premier mouvement qui pour autant ne vient pas l’éclairer particulièrement d’un quelconque contresens : on ne sort jamais d’une ambiance crépusculaire, inquiète mais majestueuse tout le long de l’œuvre, sans lien aucun avec la version d’anthologie signée Barbirolli et l’orchestre mancunien (en 1967 ?), plus lumineuse (mais pas moins mystérieuse), une voie suivie par le toujours surprenant Osmo Vänskä, presqu’aussi étourdissante que Maazel, mais plus poétique.

Elder ne démérite pas dans la longue liste des références, imposant des développements onctueux, parfois entrecoupés de ruptures ou figures de styles déconcertantes, jamais malvenues toutefois. L’orchestre est rigoureux et le DSs se débrouille bien de ses belles couleurs et matières (les bois notamment) alors que la prise de son uniformise l’ensemble des pupitres (manque de relief des cuivres). Retranscrit dans une balance tonale fluctuante, on pourrait espérer plus de transparence harmonique et surtout de relief organique de ce plutôt beau fichier en HR, mais le résultat n’en est pas moins méritoire.

                                                                                                                                         

La qualité des timbres est tout aussi bienveillante sur le duo Małgorzata Wasiucionek / Sylwia Michalik dans une version pas bouleversante d’originalité mais très appliquée, très intérieure, pas intensément poétique peut-être, mais incisive et assumée, d’une œuvre que j’adore de Karol Szymanowski, Mythes Op 30 ; disque que j’ai sélectionné pour être absolument sûr de me planter à un moment ou un autre dans l’orthographe. Et aussi pour l’impression pas toujours évidente dans les diverses versions que j’en connais, d’une création instrumentale et narrative réellement conçue à deux, plus orientée slave que méditerranéenne à l’encontre peut-être du thème - mais l’écriture impose sans doute ce paradoxe - dépassant la complicité pour atteindre une fusion intéressante de deux(.se) musicien(.e)s face à un exercice pourtant pas simple (structure et sonorités). L’acidité du violon sur quelques forte déborde parfois le DSs qui en revanche procure une notable démonstration de piano.

Si le déploiement harmonique semble quelque peu contraint, palettes tonale et colorimétrique sont en revanche très convaincantes.

                                                                                                                                       

Timbres

DIAMs 5 ORANGEs

 

Equilibre tonal

DIAMs 3 ORANGEs

 

SCÈNE SONORE :

L’étrange et émouvant exercice du trublion Teodor Currentzis de publier la Traviata (Verdi ? Oui, on parle bien de la même !) par succession de Fragments des moments parmi les plus marquants de l’œuvre est pour le moins une surprise. Nadezhda Pavlova et MusicAeterna accompagnent le chef grec. Ou est-ce le contraire ?

Je n’ai jamais trouvé cet orchestre aussi beau (les cordes !!!) (oserais-je ajouter au contraire ?), et surtout aussi sensible. Les tempi ralentis, la trame arachnéenne que tisse l’orchestre, brume d’agonie ondulant avec parfois quelques somptueux sursauts pour accompagner la mourante, sublimement interprétée avec une pudeur, une retenue chargée de nostalgie et de mystère par une soprano russe (? En tout cas pas italienne, car la seule réserve que j’émettrai concernera sa diction de la langue de Verdi) dont je n’avais jamais entendu parler - au timbre riche et clair, délicat, diaphane -, sont bouleversants. Pour une fois au moins (je suis injuste, ce n’est pas systématique) le chef « moderne » « décalé » qui, ai-je entendu dire, a un assistant pour lui ouvrir les portes, ne cherche pas l’éclat ou l’effet parfois complaisant ou outré.

 

Si on devine qu’on ne va pas jusqu’aux tréfonds de la sensibilité frémissante des musiciens, la notion de relief sonore est remarquable, alors qu’on dirait l’orchestre sorti de la fosse et même derrière la scène tant la profondeur est vaste, très aérée, presqu’aérienne. On voit la scène et le placement précis du docteur (Victor Shapovalov, quelle classe !), Violetta et Annina.

 

Sans aucun rapport, le sympathique morceau « Golden Cage » extrait de Dreams (The Whitest Boy Alive (2006)) pose une structuration de l’espace comme des statues sur leur socle. La bonne fermeté de la rythmique  du groupe allemand (comme leur nom l’indique… Hum… Je suppose que ce choix relève du second degré) maintient la mise en place de chaque évènement sonore sur ce morceau pop très sympathique au milieu d’un album hélas un peu répétitif alors que captation et mixage fixent un relief de présence pas si fréquent dans ce genre de musique sur un fichier pourtant 16/44 ! L’énergie physique est moins affirmée par le DSs et cependant la scénographie stricte est respectée. Bravo

Clairement, le DSs  valorise la justesse de la scène sonore !

DIAMs 6 ORANGEs

Metronome DSs 2
 

RÉALISME DES DÉTAILS :

L’harmonieuse voix chaude et voluptueuse d’Elīna Garanča insuffle un climat opératique au cycle Op42 Frauenliebe und Leben de Robert Schumann sans pour autant trahir l’esprit du lied ni l’articulation du texte, au contraire magnifiquement conté. Toutefois, le lissage occasionnel de la diction est apparemment accentué par une tendance simplificatrice sur le contour des notes décryptée par le Métronome des SS. Euh… il faut quand même réfléchir avant de nommer un appareil, comme avant de le commercialiser. Sinon, ça engendre des commentaires douteux. Que voulez-vous ? Si ce machin était parfait, qu’est-ce qui justifierait les modèles de gamme supérieure ? Le magnifique accompagnement au piano par Malcolm Martineau confirme que le DSs n’est pas absolument innocent dans la tendance de la mezzo lettone à arrondir quelques consonnes çà et là puisqu’il ne procure pas au piano toutes les variations d’enveloppe qu’on peut en espérer.

L’appareil est clairement plus orienté modulations gouleyantes que ciselage de dentelière.

Pour autant, la transparence est homogène, et même, on ne peut que louer la profusion d’informations en sous-couches. Sans parvenir à se départir de cette étrange ressenti que le foisonnement fourmille sous un voile, un rideau translucide, vaporeux, estompant insensiblement le paysage derrière l’immense baie ouverte sur la musique.

C’est tout aussi perceptible sur le fort sympathique live d’Aldo Romano Reborn, merveilleusement entouré (pensez donc : Benita, Texier, Negri, Trotignon, Laurent, Rava et les autres, quel bel hommage !). L’immense batteur intervient en dosant humblement une remarquable subtilité, laissant généreusement la scène ouverte à ses comparses, tous inspirés dans ces plages délicieuses qui se succèdent sans aucune recherche de frime ou démonstration, dans une décontraction qui convient parfaitement au petit Métronome évidemment ; mais quand même on sent, par exemple sur le trombone de Glenn Ferris ou la trompette d’Enrico Rava, que quelques morsures de style « paaap » ou « taaap » deviennent « whouhap ».

Dans l’absolue on ne s’en rendra pas compte sur une majorité d’enceintes, mais bon, si on doit tout pardonner, à quoi bon décrire ?

DIAMs 5 ORANGEs

 

 

QUALITÉ DU SWING, DE LA VITALITÉ, DE LA DYNAMIQUE :

De fait, et en lien direct avec ce qui est évoqué ci-dessus, on ne vit pas tout à fait le swing tranquille que Romano infuse avec la saveur des volutes de fumée d’un thé de cérémonie…

Oh, attention : on ne s’ennuie pas comme c’est si souvent le cas avec la hifi chère. Mais on n’atteint pas tout à fait le cœur des musiciens.

Ainsi, la compilation bizarre (ce qu’on appelle des Face B) de The Kills : Little Bastards (c’est un titre rigolo, non ?), si elle ne manque pas de l’énergie dynamique indispensable, est cependant moins imprégnée de l’énergie vitale, là encore au profit d’une remarquable fluidité qui est un peu trop raffinée pour un disque qui a besoin qu’on ose le crade ; en effet, l’Américaine Alison Mosshart (qui a aussi collaboré à des albums de Jack White (sous le nom de The Dead Wheather), poisseux et obscurs) et l’Anglais Jamie Hince font plutôt entre Garage et Lo-fi que Britpop. Dans le cadre de notre test, on peut douter.

Animation charnelle un peu prosaïque donc (mais pas absente pour autant) confirmée par quelques mesures des approches différentes de l’idée même du swing dans An Historic Musical First (1962 ?), direct d’un côté (Basie), groovant de l’autre (Sinatra) où la distinction de deux cultures est ramenée à un même balancement, entraînant sans aucun doute, mais un rien mécaniquement par le DSs.

En revenant à un de nos basiques (The Fragile, Definitive Edition, en HR) la dynamique est impeccable et les lignes de basse parfois spectaculaires pas tout à fait charpentées sont cependant parfaitement maitrisées (The Fragile), tout comme les éclats cogneurs (Where is Everybody ?), pas assez bagarreurs mais jamais projetés ni durs !

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Swing

DIAMs 3 ORANGEs

 

Maîtrise dynamique

DIAMs 6 ORANGEs

 

 

EXPRESSIVITÉ :

Il apparaît assez clairement dans le Concerto pour Piano de Dieter Ammann (Gran Toccata) joué par Andreas Haefliger, l’Orchestre Philharmonique d’Helsinki dirigé par Susanna Mälkki que la volonté complexe du compositeur suisse et son commanditaire Andreas Haefliger n’est pas intégralement restituée :  on ne profite pas littéralement de l’emploi du piano tantôt comme un orchestre racontant une histoire différente de l’orchestre, tantôt comme un instrument à percussions ponctuant un discours où se succèdent les références à Bartók (le Mandarin très présent) et Ravel (le concerto d’Ammann est lié dans une continuité ininterrompue au Concerto pour la Main gauche dont la proposition est saisissante d’audaces insolites !!!). On perçoit une forme de paresse dans les variations frémissantes ou les impacts qui nuit passablement à la totale intelligence émotionnelle d’une œuvre pas simple, décorrélée des codes de la musique contemporaine quand elle est intimement liée à ses fondamentaux.

Petite fringale qui confirme la réserve sur la volupté organique que nous avions exprimée à l’écoute d’Elīna Garanča dans la rubrique « Réalisme des détails ».

Avec le DSs, ce lien direct n’est pas approfondi et renvoie un peu plus à des clusters académiques, pour autant très intéressants car couleurs, profondeur, puissance ne font jamais défaut.

DIAMs 3 ORANGEs

                                                                                        

PLAISIR SUBJECTIF :

Alors qu’au début de l’aventure « Le Beau Son », j’avais du mal à séparer la notion du plaisir subjectif de l’expressivité, le temps m’a obligé à admettre que ce qui pour moi était un minimum vital (l’expressivité) n’était pas une nécessité universelle.

Je suppose que, sans référence particulière autres qu’un Node2i BlueSound, un Stack, un Digibit ou un Auralic, je serais carrément secoué par le potentiel du Métronome DSs.

Par sa douceur élégante, son sens des couleurs et son homogénéité de résolution, il n’y a pas grand-chose à reprocher à cet engin et donc, dans ce qui pourrait sembler un paradoxe à certains, nous n’hésitons pas à lui attribuer une très bonne note, en notant toutefois qu’il ne faudra pas lésiner côté câbles secteur et évidemment Spdif, RCA ou AES/EBU…

DIAMs 6 ORANGEs

 

RAPPORT QUALITÉ/PRIX :

Le constat est le même que pour la perception subjective à l’exception d’un léger détail que j’ai failli oublier :

Pas de sortie USB !

DIAMs 5 ORANGEs

 http://www.metronome.audio

http://tecsart.com/marques/metronome-technologie/produits/1

 

Metronome DSs 3

Banc ecoute