à l’oreille





Electrocompaniet ECI 80D fait la démonstration du plaisir serein

par LeBeauSon - Mai 2021


Perception d’ensemble :


Nouveau produit d’accès à la renommée d’Electrocompaniet - une des rares (la seule ?) entreprises norvégiennes à avoir durablement balisé les esprits (dans le monde de l’électronique audio, j’entends) -, l’intégré / DAC ECI 80D réussit à démocratiser une part notable de la majesté héritée d’appareils plus ambitieux de la marque.

Pour un prix encore abordable les plaisirs d’une belle définition, d’une scène en relief et de timbres variés et naturels sont immédiats.

L’objet est simple d’usage, ouvert à toutes formes de streaming HD, comme aux bons vieux vinyles.

Le spectacle a quelque chose de princier, à la fois délectable et apaisant.

Et si le ressenti viscéral n’est pas pleinement stimulé, le plaisir de redécouvrir ses disques, pour l’incarnation et la volupté, n’en est pas moins élevé. 

DIAMs 6 Bleu

NB : nos codes couleurs pour cet engin : Diamants bleus, soit entre 1 600 et 3 200 €.

Electro ECI 80D BassDef 3

 

 

L’intégré ECI 80D Electrocompaniet est un objet accompli, reprenant la ligne des ancestrales réalisations de la marque. Une vertu première pour fidéliser une clientèle sur le long terme en ne démodant pas les appareils plus anciens.

Le savoir-faire de l’entreprise norvégienne ne date en effet pas d’hier (1973) et ses réalisations ont été maintes fois récompensées par la presse mondiale spécialisée.

Bon… Nous, on s’en fout : la presse ayant récompensé tant de honteuses daubes, un palmarès n’est en soi que la preuve d’un passé aussi fringant que la royauté norvégienne.

L’offre de la marque suit deux axes : une gamme audiophile Classic Line et une autre plus grand public, EC Living Line qui regroupe Tana et Rena, streamers ou enceintes connectées avec ou sans amplification embarquée qui a vraiment renouvelé l’image de la marque. Nous avons déjà évoqué, il y a quelques années, le très appréciable streamer Rena qui vient d’évoluer récemment en série 2. 

L’amplificateur intégré ECI 80D est la nouvelle première marche de la distinguée Classic Line. Une série qui couvre un large éventail puisqu’elle inclut deux modèles de préamplificateurs, des amplis de puissance mono et stéréo, un lecteur CD, ainsi qu’un convertisseur / streamer et même une paire d’enceintes acoustiques dont le prix commence à compter.

Le sujet du jour se situe - vous l’aurez compris - au premier échelon des trois intégrés Electrocompaniet et revendique de sérieux atouts. 

Puisque nous avons évoqué le design, continuons par les dimensions :

Largeur : 470 mm ; prenez garde, ce n’est pas du tout standard.

Profondeur : 262 mm

Hauteur : 90 mm 

Et son poids : 8 kg.

Pour 2 x 80 W ? Voilà qui sous-entend une bonne maîtrise des alimentations.

La télécommande, miniature et intuitive, se faufile sans difficulté au fond d’un plaid ou dans les creux d’un canapé. Elle finira bien par réapparaitre, n’est-ce pas ? Certains cherchent leur chat, d’autres leurs télécommandes.

« Mad World… » - ont pleuré quelques illustres artistes. 

Amplificateur intégré de classe A/B, il développe 2 x 80W sous 8 Ohms et 2 x 150W sous 4 Ohms. De quoi être tranquille dans bien des situations.

Amis Néophytes, une fois de plus je vous plains et je vous précise que de telles données reviennent, en gros, à vous rassurer sur la puissance d’un radiateur électrique.

La façade en plexiglass intègre sur la gauche un afficheur pour le moins lisible (ne manque que le braille) aux inscriptions bleues indiquant la source employée, le niveau et le degré d’échantillonnage.

Au centre, sous le logo, on trouve le bouton doré (vieil or plus précisément) d’allumage et de mise en veille de l’appareil. 

A droite, quatre boutons de navigation disposés en points cardinaux contrôlent la sélection des sources (à l’horizontale) et le réglage du volume (alors oui, en effet, à la verticale). Merci pour cette navigation instinctive ! 

Sachez qu’on accède à toutes les fonctions par la télécommande. Qui est, qui est… ???? Perdue dans le canapé !

L’objet est décliné en noir ou en blanc. Perso, je le trouve plus beau en blanc.

Il intègre un convertisseur numérique / analogique (DAC ?) sur la base d’une puce Texas Instruments PCM 1789, grimpant jusqu’à une définition utile et raisonnable de 24bit/192kHz.

A l’arrière, on voit deux sorties casque, au format les plus courants, une 6,35 et une 3,5 mm.

J’ai bien dit à l’arrière. Snobisme ?

Peut-être.

A moins que ce ne soit pour éviter de gâcher la façade séculaire. Puisque, prosaïquement, un objet revendiquant une marque établie, au design soigné, ne se cache pas dans un meuble.

Allons !

On retrouve aussi au verso les classiques borniers pour fiches bananes ou fourches et, sur la droite de l’appareil à côté du branchement secteur, un switch lumineux de mise sous tension.

Côté entrées, la liste est … comment dire ? Suffisante :

Une PHONO MM - RCA

Deux lignes RCA

Deux SPDIF (RCA)

Trois Optical Toslink

Une Trigger 12V pour la synchronisation lors de la mise sous tension d’autres appareils

Ah, tiens ? Il n’y a pas d’USB.

En revanche, l’appareil est pourvu d’une liaison Bluetooth à double sens, pour envoyer des fichiers depuis un smartphone, un ordinateur ou une tablette, mais également pour recevoir un signal sur un casque ou une paire d’enceintes compatibles.

La liaison Bluetooth de l’ECI 80D est compatible avec les formats aptX-HD, SBC, AAC,

BT5.0, A2DP.

Quel monde merveilleux, n’est-ce pas, que celui d’un règne où l’informatique n’est pas foutue de désigner une norme.

 

Son prix enfin se situe autour de 3100 €.

 

Electro ECI 80D BassDef 4

Protocole de test :

Sources :

Lumin U1 et U1 Mini, 

Lecteur CD Synthesis 14DC+

Convertisseur Atoll DAC300

Platine vinyle EAT Prélude + 2M Blue

 

Enceintes :

Mulidine Cadence ++

Fyne Audio 501 SP

Davis Acoustic Krypton 6

Atlantis Lab AT18 Pro

Sonus Faber Sonetto VIII

 

Câblage :

Absolue Création, Neodio, Nodal, MudrAkustik.

 

 

NB 2 : certains appareils vont de soi, et nous savons assez rapidement ce que nous en pensons (en bien comme en moins bien), ne prenant ensuite le temps que de confirmer notre analyse et vérifier que nous ne sommes pas passés à côté d’un aspect essentiel de leur comportement.

Bon nombre de nos articles sont, en outre, la synthèse d’écoutes collégiales en plusieurs sessions.

D’autres objets nous déroutent…

Statistiquement, ce sont ceux qu’on apprécie alors que, à l’analyse point par point, ils ne résistent pas forcément à nos barèmes ; aussi avons-nous installé depuis quelques temps une procédure de « vérification ».

Ainsi, pour l’Electrocompaniet, les écoutes ont été menées en deux lieux différents et par trois auditeurs (dont deux dans le même lieu).

 

 

SCÈNE SONORE :

Auditeur 1 :

Lors de la retranscription de masses orchestrales, les musiciens illustrés par l’ECI 80 D jalonnent leur individualité tout en respectant une logique d’ensemble. Ils s’affichent dans des proportions réalistes sur une scène qui s’étire naturellement en largeur comme dans une plausible perspective des plans en profondeur…

Dans le deuxième mouvement de la Symphonie n°5 de Tchaïkovski interprétée par l’Orchestre Tonhalle de Zurich sous la direction de Paavo Järvi (Alpha, 2020), le bon élève venu du froid (hum, l’Electrocompaniet. Somme toute, Järvi vient aussi du froid) souligne le curieux placement du cor solo légèrement au-dessus du reste des musiciens. Et ce alors que les vagues successives de cordes s’enchaînent par pupitres distincts, flux et reflux d’une marée étourdie dans un parfait ordonnancement temporel et spatial.

Autre registre, jazz cette fois ; certaines captations actuelles ont une légère prédisposition à m’agacer face à celles, de plus en plus rares, qui respectent un dimensionnement relatif cohérent où les artistes baignent dans leur air propre. Sur Romaria du Quartet d’Andy Sheppard, la batterie de Sebastian Rochford occupe presque la largeur de la pièce !

Question de goût et de tendance dans la recomposition d’une scène sonore en studio, soit. N’empêche, dans un jazz direct comme celui-là, pourquoi ne pas chercher un plus grand naturel. A exercice différent, même constat : l’intégré nordique décrypte ce (grand) spectacle avec une irréprochable stabilité. 

 

Un petit tour vers le répertoire de Mingus pour le plaisir de comparer et celui de réécouter son Ah Um enregistré en 59. Sur le célèbre titre Fables Of Faubus repris par Nougaro, les cuivres sont installés à chaque extrémité, le piano - un peu petit - d’Horace Parlan (l’ECI 80D, n’est pas en cause !) à gauche, quand la batterie de Dannie Richmond tient le centre. Et Charles, derrière sa contrebasse à droite ne manque pas de présence, notamment pendant son solo vers 6 min.

Note de l’auditeur(s) 2 : ce qui s’explique peut-être par les rumeurs qui disent (en vérité, ce sont plus que des rumeurs) que Mingus supportant mal, en tant que leader, que sa contrebasse ne ressortît pas de l’environnement général, ajoutait des « re-recordings » pour « grossir » son importance.

Peut-on indirectement y voir un des responsables de la dérive qui a conduit à, désormais, considérer comme naturel en enregistrement jazz qu’une contrebasse fasse deux mètres de large et soit pourvue de cordes molles de 4 centimètres de diamètres ?

La perspective que propose l’ampli intégré norvégien est maîtrisée sans aucun doute. Les panoramiques et plans sonores sont lisibles en profondeur comme en largeur, qui plus est inscrivant suffisamment d’espace entre les musiciens pour imposer les dimensions d’un spectacle en relief. On ne ressent pas de détourage flou, d’exagération des dimensions, ni de phénomène surjoué. De bon ton et toujours élégante, cette perception du spectacle sied parfaitement au rang de l’appareil.

 

Auditeur(s) 2 :

Même constat sur d’autres disques, rien à ajouter si ce n’est qu’à l’écoute de Chicago VII en vinyle, on profite d’une respiration plus libre encore que par la lecture via la carte DAC par exemple, pourtant de très bon niveau, et compatible sur tous les critères avec les qualités propres à l’intégré.

DIAMs 6 Bleu

 

Electro ECI 80D BassDef 2

 

RICHESSE DES TIMBRES ET ÉQUILIBRE TONAL :

Auditeur 1 :

L’ECI 80D s’acquitte sereinement d’une restitution riche et équilibrée.  

Les instruments sont dépeints en couleurs subtilement étoffées et délicates. Sans écimage ni bosse, l’ensemble du spectre s’épanouit, souverain, d’un aigu ciselé et harmoniquement ouvert à un grave structuré qui, sans être abyssal, reste noble et permet d’exprimer quelques jolis jeux de matières. 

Big Vicious du trompettiste Avishai Cohen réunit un quintet original composé de deux batteurs, un bassiste et un guitariste. Le groupe homogène commet plusieurs grands-écarts, entre culture classique et électro, mélange de trip hop ou d’indé, comme sur Moonlight Sonata ou Teardrop. Le voyage dans lequel l’ECI nous embarque est captivant par la panoplie de sonorités qui s’harmonisent ou surprennent tout au long du disque. 

Peut-être encore plus OVNI (OSNI), le Berio To Sing qu’entreprennent la Mezzo-Soprano Lucile Richardot, l’ensemble de voix Les Cris De Paris et le chef de chœur Geoffroy Jourdain, en proposant une part du répertoire de Luciano Berio, nous fait passer du rire à l’étonnement dans l’exploration de la voix humaine.

Grâce à l’intégré norvégien, ce franc délire créatif resplendit de lyrisme. L’objet sonore puise parmi l’histoire éparpillée de la musique des traditions ancestrales aux expressions populaires pour un moment réjouissant. On apprécie et perçoit les différentes tessitures de voix, les respirations, les articulations… n’hésitez pas à oser un fort niveau sonore.

Tout contribue à préciser que l’ECI 80D est bien né. Il place immédiatement l’auditeur au cœur d’une atmosphère sereine et de bon goût privilégiant une forme éminemment respectable de sensualité. 

Auditeur(s) 2 :

Très belle pluralité de timbres, sans aucun doute, un ouaté harmonique qui nous emmène dans une jolie balade onirique.

Je trouve toutefois le grave, et surtout le bas du grave (ben oui, il en faut) un peu plus erratique, manquant de fermeté et de tenue, un laisser-aller qui en ravira beaucoup sans aucun doute mais qui quand même en fait un peu trop, par exemple sur le très audiophile (plutôt émouvant, nonobstant) Bayou, récente édition de Thomas Strønen (chez ECM (tiens, on a enchaîné les ECM !)) où l’atmosphère diaphane est délicieusement délinée, mais quelques notes de très (très) grosse caisse s’effondrent passablement.

Phénomène vérifié sur l’électro libre de Sam I « Mutant Brain » dans lequel les impacts sont surévalués (et plutôt lents) et l’infra - un peu court - remplacé par un renflement quelques fois abusif. Attention aux câbles…

Penchant qui disparait totalement en vinyle où la lecture est plus rigoureuse, moins démonstrative et totalement uniforme, à preuve l’exigeant Nightbird de Bernard Lavilliers dont les poussées rythmiques sont tenues sans le moindre débordement.

Peut-être tout simplement parce que la courbe RIAA éradique la tentation de l’excès ? L’entrée phono (limitée à des cellules MM (aimants mobiles) toutefois) sur la plupart des critères, à défaut de rivaliser avec des solutions externes (ô combien plus coûteuses), tient vraiment sa place, bien au-delà d’un AOP à 10 centimes installé par défaut !

Richesse des timbres :

DIAMs 6 Bleu

et équilibre tonal :

DIAMs 5 Bleu 1 gris

 

 

RÉALISME DES DÉTAILS :

Auditeur 1 :

L’ECI 80D contourne foncièrement la facilité d’une accentuation éparse de quelques coups d’éclat ici ou là que propulsent pas mal d’appareils pour revendiquer la transparence.

Au contraire, un sentiment de vraisemblance dans un pouvoir de résolution non pas piqué jusqu’au frémissement mais harmonieux, s’installe rapidement.  

Sur le dernier album de Veronica Swift, This Bitter Earthl’ECI 80D offre un véritable festival de finesse et subtilité dès le premier titreLa chanteuse s’exprime, outre timbre et articulation, par des effets de respiration et un surprenant vibrato labial.

L’ECI 80D discerne jusqu’aux mécanismes des marteaux du piano, par ailleurs volumineux, autoritaire et nuancé.

Le mouvement d’un archet sur le premier titre (du même nom que l’album), This Bitter Earth, apparait au bout d’une minute magnifiquement retranscrit. Un disque où l’artiste, entourée du pianiste Emmet Cohen, du guitariste Armand Hirsch, du flûtiste Aaron Johnson, du bassiste Yasushi Nakamura et du batteur Bryan Carter, nous dit tout le mal qu’elle pense de la violence, du sexisme, du racisme et du changement climatique… Un beau discours très moral donc…

Une artiste trop jeune et trop américaine pour connaître Pierre Desproges ; on ne peut pas lui en vouloir.

Le sentiment d’une volonté de vérité transparait également sur le Carnaval des Animaux de Saint-Saëns dirigé par Gennady Rozhdestvensky. Encore ? Oui, encore ! 

Un splendide moment de musique qui incite d’autant plus à y revenir que les musiciens prennent un plaisir évident à ce jeu de rôles musical, le tout servi par un travail minutieux de production.

Forcément me revoilà au-dessus du pot de confiture à savourer deux pianos aux dimensions et aux phrasés à la fois denses et toniques. Ou encore une contrebasse de bonnes dimensions à droite de la scène développant une palette de timbres boisés très crédible. A moins que ce ne soit le violoncelle figurant le cygne ?

Qu’importe : la capacité de l’intégré norvégien à scruter la musique est sans faille.

Ainsi, sur le final, les fines nuances de chaque instrument transparaissent gentiment.

A défaut de total emportement hallucinatoire (n’exagérons pas quand même), il faut souligner combien chaque instrument est structuré, plutôt fouillé, par une acuité très cohérente et satisfaisante rapportée à la gamme de l’intégré Electrocompaniet, qui, de surcroit, évite un pourtour par simplification.

Même si l’ampli intégré ECI 80D caractérise les artistes avec une délicatesse qui pourrait tourner à un léger gommage des intentions, la logique d’ensemble est telle qu’on ne se rend compte de cette inclination que le nez sur la partition.

Toujours sur le même recueil de Saint Saëns édité par ERATO suivent Havanaise Op.83, l’Introduction et Rondo Capriccioso Op.28, puis le Concerto n° 3 pour violon en si mineur Op. 61, interprétés par Pierre Amoyal accompagné du New Philharmonia Orchestra dirigé par Vernon Handley ; le jeu de Pierre Amoyal perd légèrement de son intensité dramatique, laissant l’auditeur en retrait. C’est globalement le ressenti général qui transpire de l’ECI 80D en installant le spectateur à une distance raisonnable des artistes, ne les invitant pas tout à fait dans leur commerce.

La lecture d’ensemble, les passerelles entre musiciens impliquant la complicité, sont privilégiées face au décompte des crins crissant les cordes. Un choix légitime pour qui écoute de la musique et non sa chaine.

 

Auditeur(s) 2 :

Sans commentaire autre que ce que j’ai exprimé dans la rubrique « Timbres », à savoir que la transparence se désunit parfois dans une partie très basse du spectre.

Je confirme que le décryptage est uni et ajouterai même que, dans l’ensemble, il y a une posture inhabituelle de la présence des musiciens, un gonflement des torses (pas en vinyle) qui assène une virile prise de possession de l’espace, impressionnante et j’en expliquerai le pourquoi dans la rubrique suivante.

DIAMs 5 Bleu 1 gris

 

Electro ECI 80D BassDef 5

 

 

QUALITÉ DU SWING, DE LA VITALITÉ, DE LA DYNAMIQUE :

Auditeur 1 :

L’album Elis et Tom de la voix du Brésil dans les années 70 : Elis Regina, semble immédiatement acquis à la cause de l’Electrocompaniet. Les titres s’enchainent où la voix sensuelle d’Elis se pose avec légèreté, enveloppée d’une prise de son chaleureuse.

Suis-je totalement emporté ?

Ah... 

Pas de conclusion hâtive, je me réfugie chez Arthur H dans son album aux confins du trip hop qui envahissait les ondes à la sortie du disque en 96. « La lionne et l’éléphant », « J’ai un revolver » …

Trouble-Fête du frenchie est imparable. 

La deuxième plage : « La télé », défile dans un rythme comme accéléré par l’ECI

Le morceau n’a pas changé, bien sûr. Pourtant la lecture pénétrante du djembé et des maracas en avant plan sur la droite, accompagnés de violons aux allures orientales, donne le sentiment d’un tempo plus rapide. C’est un phénomène que l’on ressent lorsque le délié n’est pas totalement irréprochable, l’impression que la musique roule un peu plus vite sur l’autoroute du ressenti. On n’est donc pas grisés par un groove d’anthologie ; sans buter non plus sur un électroencéphalogramme plat. Quelque chose frémit sous la peau… mais le frisson n’est pas irrépressible…

… Pour autant, la position contemplative - pas directement impliqué - n’est pas désagréable.

 

Auditeur(s) 2 :

Curieuse impression de mon côté ; ambivalente…

Si, en effet, je n’ai pas senti le swing au-delà d’une définition « cadrée » du terme (subdivision du ternaire en triolets de croches par opposition - en gros - à une pulsation découpée en périodes inégales), à aucun moment je n’ai éprouvé de manque, d’ennui, et ai au contraire vécu la bizarre sensation d’une « autre » réalité rythmique, et ce, aussi bien en m’assénant l’amusant mélange de punk et hip hop cradingue de Spare Ribs (Sleaford Mods) qu’en savourant le Cheese Cake de Dexter Gordon, musiques de boulimie donc.

Par conséquent, si je sais qu’on peut attendre plus côté swing ou groove, je ne l’ai compris qu’en passant des disques que je connaissais mieux et oppose de fait un ressenti relatif face à une vérité absolue.

Mais, dans le même chapitre, j’ai aussi remarqué un point du comportement de l’intégré scandinave que j’ai tenu à vérifier sur tout type d’entrée pour acter finalement qu’il était moins marqué sur l’entrée phono. A savoir le constat étrange que le gain est trop élevé.

Comment dire ? … Même en ramenant le volume en dessous du niveau où l’on aimerait écouter, on a la sensation que les instruments jouent trop fort, ce qui rend parfois difficile de trouver le juste dosage. L’esprit viking ?

Ce qui explique peut-être le questionnement de l’Auditeur 1.

Pour être sûr, j’ai utilisé différents fichiers, y compris des albums sur mon serveur, HR ou CD ripés que je connais bien ; or, que ce soit le Pierrot Lunaire de Schoenberg dans la version très délurée de Patricia Kopatchinskaja et son Sprechgesang outré (relier « déluré » à Schoenberg, c’est quand même une prouesse) ou la sublime 4ème Symphonie de Schumann par Von Karajan, ou encore l’enregistrement à niveau très faible de Duas Vozes (Egberto Gismonti & Nana Vasconcelos), l’effet persiste.

Me permettant au passage de confirmer la très bonne qualité du DAC embarqué (quand bien même je déplore l’absence d’une entrée USB).

On s’y fait, bien sûr, mais ce n’est pas toujours idéalement confortable à l’utilisation. Cela étant, la contrepartie est que l’autorité martelée d’un tel aplomb oblige à la concentration.

La conséquence est que la dynamique générale est toujours collée vers le haut, puisque les passages fins, pianissimi ou subliminaux sont situés sur un pallier minimal hors sol.

L’esprit viking !

Mais, curieux de comprendre si une idée se cachait derrière le phénomène, je dois préciser que, en branchant l’ECI 80D sur des enceintes à rendement plus faibles que mes repères habituels, et aussi tout simplement plus compliquées à nourrir, en l’occurrence une paire de Sonus Faber (oui, oui, je sais), la même particularité aide au contraire à animer un peu les zombies. Avec en revanche une autre interrogation concernant la puissance disponible.

En conclusion, hélas une fois de plus, il faudra être attentif aux associations…

 

Auditeur 1 :

4 Diams Bleu

 

 

Auditeur(s) 2 :

DIAMs 5 Bleu 1 gris

 

Si si, j’insiste, puisque personnellement, je n’ai pas subi de manque. Tout en comprenant la réserve objective de mon camarade. Surtout que c’est le Boss…

 

 

EXPRESSIVITÉ :

Auditeur 1 :

Le Gershwin's World d’Herbie Hancock sorti en 1998 donne l’occasion à l’artiste de rendre hommage aux frères George et Ira Gershwin. Il y invite quelques pointures et amis, Joni Mitchell, Chick Corea, Kenny Garrett, Wayne Shorter et Stevie Wonder avec l’aide de la production et des arrangements de Robert Sadin. C’est sur les compositions auxquelles participe l’Orchestre de Chambre Orpheus de New York qu’Herbie me touche le plus. Son Lullaby et même le deuxième mouvement du Concerto pour Piano et Orchestre en Fa majeur de Maurice Ravel (oui en guest), juste avant un final en solo sur le titre Embraceable You, sont immanquables et particulièrement émouvants.

Or, il semble qu’à décrire péremptoirement les musiciens, l’ECI 80D estompe une part des suggestions en sous-couches. La vibration émotionnelle manque d’un soupçon de pittoresque, de l’ordre du détail sans doute, mais suffisamment perceptible pour que je m’interroge sur ce critère difficile.

 

Auditeur(s) 2 :

Mouais…

Je suis d’accord sans l’être.

En évoquant le même paradoxe que dans le chapitre précédent. La proposition par l’Electrocompaniet est accaparante et crée un lien aux musiciens qui, soit, n’est pas de l’ordre de la confession intime, mais nous plonge dans une exigence d’annexion, de participation, sereine toutefois, loin de toute austérité.

Et surtout libérée de la léthargie ronronnante qui m’a éloigné jusqu’ici de la marque norvégienne, comme si elle avait longtemps choisi de compenser le froid rigoureux de l’hiver par un confort douillet d’édredon.

Il s’agit donc pour moi de la preuve d’une surprenante évolution dans le bon sens et que je ne peux qu’applaudir, d’autant que mon camarade d’écoute, complètement détaché de toutes ces considérations, mais pas du tout diplomate, a partagé tout ce que je décris dans ces pages.

Expressivité :

Auditeur 1 :

4 Diams Bleu

 

 

Auditeur(s) 2 :

DIAMs 5 Bleu 1 gris

 

 

PLAISIR SUBJECTIF :

Alors, alors…

On est sans aucun doute dans la tradition d’excellence de la marque.

L’élégance d’une scène sonore bien campée est reine ici, point commun avec les références de la société norvégienne.

L’ECI 80D réussit à démocratiser une part de la majesté héritée d’appareils plus ambitieux de la marque.

Pour un prix encore abordable les plaisirs d’une belle définition, d’une scène en relief, de timbres variés et naturels sont immédiats.

L’objet est simple d’usage, ouvert à toutes formes de streaming HD, comme aux bons vieux vinyles.

Le spectacle a quelque chose de princier, à la fois délectable et apaisant ; et si le ressenti viscéral n’est pas pleinement stimulé, le plaisir de redécouvrir ses disques, pour l’incarnation et la volupté, n’en est pas moins élevé. 

On lui reproche quoi ? L’absence d’une entrée USB ?

De ne pas nous prendre au collet ?

Oui voilà : pas grand-chose…  

Une vraie réussite, un futur classique à n’en pas douter.

DIAMs 5 Bleu 1 gris

ou 

DIAMs 6 Bleu

 

RAPPORT QUALITE / PRIX :

Dans un créneau de prix particulièrement encombré et en permanente évolution, l’intégré Electrocompaniet ECI 80D peut s’enorgueillir, outre sa facilité d’emploi, d’une personnalité sonore affirmée et contrôlée...

Son universalité est un atout supplémentaire et on ne peut que recommander de prêter à l’objet une oreille attentive, d’autant que le passé de la marque est une garantie de pérennité pour ceux qui associent « haute-fidélité » à l’espoir de fidélité.

DIAMs 6 Bleu

 

Electro ECI 80D BassDef 1

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