à l’oreille





Câble secteur de la marque Way - Substance Plus
Le bien nommé propose un spectacle incarné et donne corps aux musiciens

par LeBeauSon - Avril 2022


Perception d’ensemble

L’intégralité du son émis par l’instrument s’étire jusqu’à l’extinction de la note. La dramaturgie de jeu d’un violoniste se fait plus théâtrale. 

La sensation d’une architecture à l’intérieur d’un orchestre s’impose immédiatement, les plans sont logiquement espacés les uns des autres. Les instruments grandissent, présentés au sein d’une scène étirée en largeur.

Musiciens et instruments s’imposent, faits de corps aux densités probantes et d’enveloppes aux matières agréablement sculptées : un gain en épaisseur indéniable justifiant son appellation.

Le Substance Plus prouve une fois de plus combien le choix d’un câble secteur est essentiel.

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NB : Code Bleu pour le câble puisqu’il est, compris entre 1600 et 3200 euros, annoncé à 1830 €

 

Substance Plus

Tel est le modeste nom du câble d’alimentation d’entrée de gamme de la marque serbe Way Cables que nous testons ci-dessous.

 

Dont la devise relève du manifeste : Way to Music & Pleasure.

Je teste depuis plusieurs jours divers câbles Way

J’ai promené entre convertisseurs et amplificateur intégré le câble d’alimentation Substance +  pour en cerner un comportement général, en ayant bien en tête que ça ne reste qu’une infime statistique. 

 

La découverte de la marque Way se fera en effet en 3 phases (pour commencer) puisque, en parallèle de cet article, je raconterai mon ressenti d’écoute d’une paire de câbles de modulation symétrique, le SILVER 4 Plus, installée entre nos DAC et nos amplificateurs intégrés, et pour clore les tests : les câbles d’enceintes SILVER 3 Ana Plus.

Les sections apparentes des trois câbles se ressemblent : diamètre presque identique, recouvertes d’un même épais coton rouge. En l’occurrence, le rouge correspond à l’entrée de gamme.

1 830 € le câble secteur entrée de gamme en 1, 5 m, oui, bon, on admet que ça peut faire tousser.

Surtout les bronchiteux obscurantistes.

Un anneau en bambou sur les câbles de liaison et les HP indique le sens de branchement. 

Nous remarquons avec une certaine indignation que le sens du branchement n’est pas indiqué sur le câble secteur.

Etudiés et fabriqués en Serbie sur cahier des charges stricte en s'imposant de rigoureux contrôles de qualité, les câbles sont pensés pour amortir des vibrations et limiter les bruits et interférences électromagnétiques. 

Les terminaisons sont en cuivre OFC, plaqué argent. Les soudures utilisent un alliage sans plomb à haute teneur en argent. Ben oui, il y a des normes à respecter quand même.

 

Et de l’argent, il en faut pour acquérir les éléments ; constatons :

Le câble d’alimentation Substance Plus coûte donc 1 850 €, pour une longueur de 1,50 m

Les câbles de modulation Silver 4 Plus : 1 250 € pour 2 X 1 m, en symétrique XLR ou en asymétrique RCA.

Les câbles HP Sylver3 Ana Plus : 3 000 €, en 2 X 2,50 m

Way Secteur Substance BassDef 2

WAY Modulation 6

Way HP BassDef 1

Le câble d’alimentation Substance Plus, sujet du test, est d’un diamètre extérieur de 21 mm, tressé à partir de fils en argent (ben oui) monocristallin et de fils en cuivre monocristallin. Le blindage n’est pas relié aux connecteurs. L’isolation est en coton, gainé de polymère PTFE perméable à l’air mais imperméable à l'humidité. À mon tour de me gratter la tête.

Vous le constaterez à nos images que les accessoires sont remarquablement… rouges. 

Même si un deuxième câble secteur aurait permis de compléter nos tests jusqu’au bout, j’ai multiplié par deux le protocole suivant : source et ampli.

J’ai séquencé mes tests en trois phases d’écoutes : l’une avec un câble sans nom à 1,5 balles (X), puis avec un de nos câbles coutumiers (B), enfin avec celui testé ici (A), sans ordre prédéfini, puis renouvelé, sur plusieurs jours, avec d’autres appareils et d’autres oreilles.

Pour évaluer mes jalons, quelques disques répétés le long des tests servent de repères.

Peu en fin de compte, afin d’éviter de multiplier les notes et donc de trop allonger le compte- rendu. 

Le Concerto pour Violon n°1 Opus 26 de Gustav Bruch, Eugène Ormandy dirigeant le Philadelphia Orchestra et mettant en vedette le violoniste Isaac Stern (Colombia 1956).

La Symphonie n°2 de Max Mahler « Résurrection », par Lisa Milne, Birgit Remmert, la Chorale de la Radio hongroise & l’Orchestre du Festival de Budapest sous la baguette d’Ivan Fischer.

Simon Rattle dirigeant le Berliner Philharmoniker pour un disque Warner Classique de 2008 réunissant des œuvres de Ravel et Mussorgsky (Pictures At An Exhibition) et de Borodine dont la Symphonie n°2, ainsi qu’un extrait des Danses Polovtsiennes de l’acte 2 de l’Opéra Prince Igor.

Cécile McLorin Salvant sur son album The Window entonnant des reprises en duo avec le pianiste Sullivan Fortner paru en 2018 chez Mack Avenue Records.

J’entame l’écoute du Concerto de Bruch (Max) avec un câble d’alimentation basique, de ceux généralement livrés avec les appareils. Ce que je n’ai pas fait depuis longtemps.

Les musiciens, y compris Isaac Stern sont présentés à distance, imbriqués les uns sur les autres. Reliefs et nuances des instruments ne sont pas franchement différenciés.

NB : Afin d’éviter toute forme de confusion, un câble secteur de qualité ne transforme pas un appareil moyen en chef d’œuvre, et la différence entre deux appareils de qualité ne passe par le câble secteur.

Ceci afin de ne pas faire paniquer les non-initiés, mais d’attirer leur attention sur les évolutions possibles d’un système musical, du moment qu’il est bien conçu.

Cependant pour avoir pris conscience depuis longtemps de ce qu’un câble de supermarché peut retrancher à la qualité réelle des appareils, j’ai personnellement renoncé depuis longtemps à m’en contenter quand j’écoute de la musique (je ne parle pas de test).

Mais pour ceux qui n’ont pas franchi le pas, cette mixture est leur repère et ils ne se rendent pas compte de ce qu’ils perdent en implication artistique.

NB 2 : tous les ressentis décrits ci-dessous ne peuvent en aucun cas prétendre à une vérité universelle. Ils s’affirment sur des objets déjà dûment sélectionnés dont je connais le comportement.

Passées quelques minutes d’écoute (30 !), je remplace le câble d’alimentation secteur initial par le Substance Plus.

 

SCÈNE SONORE :

Dès les premières notes, l’œuvre s’étoffe, croît en caractère. Avant l’enchaînement du thème du premier mouvement, les grondements de timbales deviennent rugueux, les premiers tirés des violons et du soliste insistent sur l’élasticité remarquable des prolongements des notes ou perception jusqu’aux silences. 

Une fois le thème lancé, on comprend la distance relative du soliste à l’orchestre, moins amalgamés qu’ils ne paraissaient précédemment ; les musiciens ont également gagné en corps et modelé. Passées les premières mesures l’œuvre a grandi en intensité romanesque, immensément plus spectaculaire. 

Le troisième mouvement, nettement moins brouillon après insertion du Substance Plus, présente Isaac Stern sur le devant de la scène, légèrement à gauche, flirtant avec les limites d’un instrument mieux texturé, captivant jusqu’aux dernières notes du final.

Une sensation d’architecture à l’intérieur d’un volume s’impose immédiatement, les plans sont séparés, logiquement espacés les uns des autres. Les instruments grandissent, représentés au sein d’une scène étirée en largeur.

Plus de vie, beaucoup de relief et une belle définition des matières et des timbres, les bénéfices de ce câble sont immédiatement audibles.

Remplaçons le WAY par un de nos câbles de référence.

Les premières notes présentent des instrumentistes légèrement moins « robustes ». La scène semble moins structurée en profondeur. Et l’image d’Isaac Stern flotte légèrement au centre sans qu’un espace immense le sépare des autres musiciens en arrière-plan. Il semble que le spectacle ait perdu en densité et en vigueur également.

Le troisième mouvement confirme une perception moins dynamique de l’œuvre ainsi qu’une tendance au lissage des plans, tant par une perspective légèrement moins structurée en profondeur, que par une couleur de timbres légèrement montante rendant la caractérisation tonale des violons moins nuancée. 

Le câble d’alimentation Way illustre aisément les couleurs ainsi que la vulnérabilité du violon solo au milieu des pupitres d’archets. La dramaturgie traduite par le jeu du virtuose sur le devant de la scène se fait plus théâtrale. 

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RICHESSE DES TIMBRES ET ÉQUILIBRE TONAL :

Comme on l’a déjà exprimé, sur l’œuvre de Bruch, les différences entre les violons de l’orchestre et celui d’Isaac Stern sont immanquablement perceptibles. On pourra même craindre que le câble révèle les matières de manière légèrement aguicheuse. 

Quoi qu’il en soit, tous les instruments semblent désormais dotés de timbres plus naturels. L’équilibre général, très maîtrisé, ne présente aucun défaut majeur. En tendant l’oreille toutefois, on perçoit une légère simplification dans le bas du spectre – possiblement liée à une petite imprécision dans du bas-médium - ainsi qu’un très léger manque de ciselé dans l’aigu. Fort justement le violon revêt une densité appréciable, le corps son âpre brillance naturelle…

Si l’aspect spectaculaire prend l’ascendant sur une transcription au cordeau, il devient difficile d’émettre une préférence entre la version vivante et charnelle du Way, et celle plus ascétique mais aussi plus frémissante de notre câble de référence. 

En revanche, la comparaison avec le câble no name est sans intérêt. L’écoute paraît grise, globalisée par amalgame des instruments et gomme la plus grande part des nuances de timbres. Alors oui, on reconnaît un violon, ou l’image mentale de celui-ci, mais on est tenus à l’écart de la perception romanesque, vivante et fragile du jeu d’Isaac Stern au milieu de l’orchestre.

Le premier mouvement de la Symphonie n°2 de Mahler « Résurrection », dirigé par Ivan Fischer, présente également un bien plus grand intérêt éclairé par le câble Way. Les pigmentations des instruments de l’orchestre apparaissent plus incarnées. Tous les instruments de l’orchestre s’étoffent et se distinguent par des couleurs et grain plus marqués que sur notre référent, flirtant avec l’un peu trop. Parallèlement, c’est étrange de constater que les tréfonds puissent devenir plus encore structurés, alors qu’on les devine à peine lors des deux écoutes comparatives, puisque, oui, cette « colossale » version de la Symphonie de Mahler explore grandement les extrémités du spectre.

Attention donc aux conséquences sur des systèmes mal équilibrés.

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QUALITÉ DU SWING, DE LA VITALITÉ, DE LA DYNAMIQUE :

Tonique, voire truculent, le câble Way place l’auditeur face à un spectacle immanquablement captivant. Son sens de la cadence révoque l’ennui.

Mais alors que certains câbles forcent le trait, entonnent une telle véhémence qu’il devient parfois difficile de soutenir l’écoute au-delà d’un certain temps, lui maintient un bel éclairage sur l’œuvre, sans trahir ni exagérer l’intention.

Les musiciens sont impliqués, parfois même au-devant de la scène, à proximité immédiate de l’auditeur. 

Le Substance Plus étire l’ampleur de la dynamique du 3ème mouvement de la 2ème Symphonie de Mahler, ou, plus précisément, la révèle plus intensément. Pourtant, même si les contrastes semblent immenses entre pianississimo et fortississimo, jamais on ne ressent d’agression. Aucun besoin de baisser le volume, par réflexe ou crispation, même en pleine bourrasque. 

La Symphonie n°2 de Borodine interprétée par le Berliner Philharmoniker, dirigée par Sir Simon Rattle montre le penchant volontaire du Substance Plus : les intentions musicales laissent d’autant moins insensibles qu’elles sont perçues avec un soupçon d’insistance. Le thème Promenade, par manque d’un rien de souplesse, tient quasiment de la marche militaire À vérifier dans le cadre votre installation, car son côté pugnace réveillera avantageusement des systèmes peu ou prou mollassons. 

Changeons de registre musical avec l’écoute du The Window de Cécile McLorin Salvant et revenons à notre test comparatif cette fois à commencer par le câble anonyme, puis (câble de référence) et (Substance+).

Les premières notes sont un duo piano (Sullivan Fortner) / voix (Cécile donc). L’instrument ample est remarquablement mis en relief par l’enregistrement.

Mais pas par le câble X : la voix censément délicate de Cécile McLorin paraît trop claire. Sur le premier morceau lent, le swing n’est pas vraiment frappant. Et sur le deuxième titre, plus groovy où s’ajoutent les sons caractéristiques d’un orgue, on reste passif, impassible, rapidement gagné par l’envie de parcourir à défaut de savourer. L’écoute est un peu trop théorique, distanciée. Étrange pour un disque incontestablement voué à l’intimité. Un disque que je zapperais sans doute au bout de quelques minutes, en l’état. 

J’opère un premier « upgrade » en branchant le câble B.

La délicatesse monte d’un cran. Les nuances de timbres et les variations d’intention sont plus subtilement déployées. Si le groove de la balade (Visions - de Stevie Wonder) n’est pas encore flagrant, on se laisse plus facilement prendre au jeu par les intentions enjôleuses des deux musiciens. L’écoute invite enfin à l’introspection.

Place à l’objet du test.

Tiens, les dimensions du piano n’envahissent plus l’espace. Et même s’il reste conséquent, l’air circule maintenant entre la chanteuse et l’instrument. La voix de Cécile s’est étoffée, plus chaleureuse (ça…), elle s’est également enrichie de diverses subtilités. 

L’intention ensorceleuse de ce titre n’est pas trahie tandis que la précision d’un tempo émerge, le thème gagne enfin en musicalité. 

Le titre suivant One Step Ahead gagne en légèreté, d’une atmosphère printanière les interactions du duo deviennent entraînantes. Le câble d’alimentation Way rend justice au jeu nuancé des musiciens et à minima les fait entrer dans la pièce.

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Way Secteur Substance BassDef 3

RÉALISME DES DÉTAILS :

Indéniablement le Way apporte en vraisemblance. Il offre aux musiciens et à leurs instruments agréablement sculptés une enveloppe, des matières, une densité probante. 

Les notes de piano de Sullivan Fortner sur The Window respirent le vrai. L’objet est à la fois conséquent et structuré. Les couleurs variées illustrent l’architecture complexe de l’instrument.

La voix de l’artiste est également remarquablement retranscrite, vivante et incarnée. On perçoit sans difficulté, en profitant d’une émouvante transparence, les nombreuses variations de son chant tantôt délicat, tantôt intense.

Sur des ensembles plus complexes, comme sur la Symphonie n°2 de Borodine enregistrée par le Berliner Philharmoniker, les pupitres paraissent solides, bien campés sur scène. Les modelés, les reliefs des instruments sont mis en valeur après l’ajout du Way dans le système d’écoute. L’énergie transmise est communicative. 

En revanche, les fines nuances des timbres, la légèreté d’une fin de note semblent moins sublimées, à la faveur d’une présence accrue des musiciens.

Est-ce le corollaire d’une mise en scène démonstrative ? Peut-être. 

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EXPRESSIVITÉ :

On sait tous que la haute-fidélité est affaire de compromis.

Pour ceux avides de vivre une expérience « live » dans leur salon, le Substance Plus va dans la bonne direction. Il installe les musiciens dans la pièce, parfois même de manière intimidante, mais remarquable. Impossible de ne pas être concerné par le spectacle qu’il contribue à scénographier.

D’autres, en quête de fines fragilités ou subtilités révélées dans l’ombre, s’interrogeront peut-être sur le choix du Substance Plus de préférer illuminer l’ombre. 

On comprend sans conteste l’intention d’un câble qui place l’incarnation du vivant et la maestria en avant. S’il parvient réellement à enrichir les timbres en proposant des instruments mieux définis, plus solides, relativement en relief, l’émanation de l’instrument paraît compendieuse. Ou en quelque sorte, il semble que l’artiste fasse corps avec son l’instrument.

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PLAISIR SUBJECTIF :

Joueuse, plaisante, aguicheuse par moment, l’expérience d’un tel câble montre qu’il est possible de réveiller un système d’écoute pour magnifier une œuvre.

Considérant qu’à investissement équivalent, les concurrents de manquent pas, avouons que le Way Substance + injecte de la vitalité, de la présence et de l’énergie dans la partition et contribue au panache de quelque œuvre que ce soit.

Ce n’est en revanche pas le câble des humeurs introspectives. Pour autant, le plaisir de vivre une musique entraînante est incontestable.

Le jeu d’Isaac Stern sur l’enregistrement célèbre du Concerto n1 de Bruch, ainsi que l’œuvre sont captivants de bout de bout, quasiment une nouvelle lecture, un effet de jouvence en offrant au disque une envergure, une lumière plus franche.

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Way Secteur Substance BassDef 4

PERCEPTION D’ENSEMBLE :

Le Substance Plus prouve une fois de plus que le nom de la catégorie qu’il intègre : « accessoire », ne lui correspond pas, tant l’apport d’un bon câble secteur semble essentiel.

La musicalité, l’envie « primaire » de communier ravive le plaisir de la musique, si nécessaire. 

Chacun estimera au cœur de son système le bénéfice de ce partenaire pour le moins actif. 

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Way Secteur Substance BassDef 5

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