Streamer HERITAGE MP100 SE - YBA - autour de 2 000 €

Par LeBeauSon - septembre 2017

La marque française, quoi qu’on en dise, fait partie de ces références historiques qui, depuis bon nombre d’années, font preuve d’une régularité exemplaire quant à la qualité de leurs appareils. Leurs produits, toujours musicaux, font partie de ces choix rassurants, sans accrocs.

Dans la mouvance des streamers de qualité, encore abordables, ce MP100SE est, cette fois encore, un produit bien fait. Il offre en véritable « média center » la possibilité de piloter plusieurs sources numériques reliées à son convertisseur (DAC) par les multiples entrées dont il dispose. Il permet d’écouter les web radios, le contenu musical d’un disque réseau (NAS), ou celui de votre smartphone, de votre tablette.

Seuls bémols, il n’offre pas la possibilité, de profiter directement de Qobuz (cher à nos oreilles). Rien d’insurmontable toutefois : d’autres applications que celle développée par le constructeur permettent de le faire.

Ce n’est donc pas préjudiciable. En revanche l’absence de Bluetooth ne permet pas un usage convivial invitant vos amis de passage à pousser leurs propres morceaux. Ceci dit, on est parfois plutôt content que ça ne soit pas trop facile, avouons-le.

Quoi qu’il en soit, l’appareil est ouvert à beaucoup de possibilités d’usage, prêt à devenir le centre de contrôle de vos écoutes. Et de quelle manière !

SCÈNE SONORE

Un bel exemple de rigueur

Ce streamer propose une image infaillible. Les instruments sont à leur place et ne bougent pas, ni ne se confondent.
Vous n’aurez pas besoin d’effort de concentration pour profiter de la magie stéréo, à condition que le reste de votre système soit à son niveau, bien entendu. Nous ne nous lasserons pas de le répéter.

Sur le titre : Le colosse de Bertrand Belin, la batterie, la guitare Gibson 3-35 et la voix de l’artiste, jouissent d’une présentation bien en place, très propre et sans excès. Sur l’album Rock indé de la fratrie Angus & Julia Stone, en haute définition (24 bit/44kHz), les différents instruments et voix prennent leur place de manière tout à fait crédible, avec une forme de proximité très agréable.

ÉQUILIBRE TONAL & RICHESSE DES TIMBRES

Là encore, nous ne sommes pas face à une volonté de sur-jouer, de séduire à tout prix.

Une qualité particulièrement louable de nos jours. Oubliées les petites enceintes 5.1 au grave trafiqué ! Larguée la fadeur de certains objets design sans âme musicale. Vous êtes avec le MP100SE en terre audiophile.

Sur le titre Semper Femina de Laura Marling, la basse positionnée à droite rebondit, claque, mais ne bave jamais, ni ne mesure 3 mètres de large. La chanteuse joue avec délicatesse de sa voix, ainsi que de sa fragilité, en allant chercher l’extrême d’une note, en bout de respiration. La palette harmonique de l’appareil ne trahit jamais. Le violon est plausible, sans agressivité, ni brillance fatigante à la longue.

La musique coule délicatement, sensible.

L’écoute de l’introduction et Rondo Capriccioso Op. 28 de Camille Saint Saëns par Pierre Amoyal met clairement le premier violon en avant : merci de révéler son jeu ne manquant ni de finesse, ni d’expressivité. Les autres pupitres sont plutôt bien différenciés. Tout juste sera reproché une tendance à la maigreur, comme une forme de timidité. Mais rien de préjudiciable, car pour la plupart des mélomanes ce postulat, jamais vulgaire, toujours bienveillant, ne trahira pas.

Que vous aimiez le Trip Hop ou la Salsa, un Rock plus chevelu, ou la musique de chambre, ce fidèle interprète ne ment pas.

RÉALISME DES DÉTAILS

Toujours dans cette extrême honnêteté, …

si vous offrez à cet appareil des fichiers de qualité, des enregistrements soignés, il saura vous rendre la monnaie de la pièce à chaque fois.
La voix de Jim Yamouridis sur le titre Mireille de Dick Annegarn est très joliment retranscrite avec son grain rauque si particulier, comparable à Tom Waits. Et tous ces détails captés dans son chant, de la langue qui claque à la salive perceptible sont bien présents.

Le MP100 vous emmène vers une perception délicate et savoureuse de vos artistes préférés, assez prêt de leur jeu pour en saisir les nuances. Nous sommes bien en terres mélomanes pour saluer ainsi l’expression sensible des musiciens, trop souvent cachée derrière la mélodie, et systématiquement anéantie par les fichiers compressés ou l’écoute nomade.

QUALITÉ DU SWING

Vous me direz : allons-nous chercher du swing dans un requiem de Fauré ?

Et je vous répondrai (évidemment je vous répondrai, puisque c’est moi qui pose la question) que si l’appareil possède ce sens inné de la musique, quel que soit le style ou le rythme, vous serez emporté par cette vague naturellement, à bouger la tête ou battre du pied, sans même vous en rendre compte.
Là encore le Streamer HERITAGE MP100SE, n’est pas en reste. Musical a n’en pas douter, il vous bercera ou vous fera danser (au moins du pied) selon l’humeur, le rythme du morceau choisi.

PERCEPTION D’ENSEMBLE

Mais alors que peut-on reprocher à cet appareil, visiblement bien sous tous rapports ?

Peut-être ça justement : un léger excès de retenue… aussi est-ce affaire de goût, et de mise en œuvre évidement.
Nous avons en effet trouvé ce MP100SE un petit peu sage, comme ce gendre idéal, qui fait tout bien avec application, sans excès. Comme cette célèbre (et vieille) publicité pour les bâtonnets enrobés de chocolat de Mr K… :
« Svp, peut-on avoir un peu plus d’une pointe de folie, d’un zeste d’énergie, d’incarnation, … ?
Mais nous sommes difficiles. Parce que vraiment, comment lui reprocher d’être "neutre" ?
Au regard de la concurrence, il fait bien partie des premiers de la classe des appareils autours de 2000 €

Des aigus très riches, un médium chantant, des graves contenus mais bien présents et énergiques, forment un ensemble limpide, aéré dégageant une sorte de fraîcheur. Il semble que ce lecteur réseau correspond à une esthétique sonore chère à son concepteur. Qui séduit de nombreux fans et défenseurs et forcément connait des détracteurs. A vous de faire votre religion.  C’est d’ailleurs en conscience qu’YBA propose depuis bon nombre d’années ses câbles propriétaires, une façon de maîtriser de bout en bout la qualité du signal émis, attention remarquable.

À évaluer donc selon l’acoustique de votre pièce ou la globalité de votre projet.

Revenons à la mise en œuvre de l'appareil : d’après ce que nous avons pu vérifier celle-ci est délicate, savante, si l’on veut en extirper la quintessence ; le choix des câbles de modulation, certes, l’absorption des vibrations (découplage) et l’ajout d’un câble secteur choisi soigneusement améliorent l’écoute. Preuve que l’appareil est sain, m’a-t-on suggéré.

Quoi qu’il en soit, demandez les conseils avisés de votre vendeur spécialisé, toujours ! Un achat en ligne ne vous mènerait qu’à sous-exploiter un appareil comme bridé, dommage.

Notre conseil : Demandez à votre vendeur justement de décoiffer un peu ce gendre idéal, peaufiner sa mise en place au sein de votre ensemble.

Allez, encore un autre conseil : téléchargez au choix l’application Mconnect (pour iPad ou Iphone) ou BubbleUpnp (Androïd). Elles vous permettront de jouir de l’écoute du catalogue de Qobuz en qualité CD, voire mieux, en Studio Master, car cet YBA le mérite et vos oreilles aussi.