à l’oreille





RENA S-1 - Electrocompagnet

Par LeBeauSon - septembre 2017


Découverte du RENA S-1 d'Electrocompagnet de la gamme EC-Living - entre 500 et 1 000 €
Bienvenue dans le monde des mélomanes heureux

L’appareil fraîchement déballé propose un packaging tout à fait de la qualité attendue. Ils font bien les choses chez Electrocompaniet. L’écrin est à la hauteur du renom de cette grande dame de la HiFi norvégienne. L’objet, compte tenu de son poids, inspire déjà confiance. Voilà qui s’annonce bien.

Son design est un sans-faute, l’appareil cerclé de métal se voit déclinable en deux finitions, argent ou bronze, pour le moment. Aucune faute de goût.

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Cet objet, aux dimensions réduites, n’est pas sans rappeler le volume des premières Apple TV (une de ces catastrophes qu’a proposées la marque à la pomme). Voilà donc un petit joujou noir et métal, tout à fait honorable dans un salon, un bureau ou une chambre à coucher.

Premier réflexe : regarder au dos, du côté de la connectique, et là, je reste perplexe …

Tiens une entrée numérique optique (Toslink), tiens une autre entrée Coaxiale … Je ne me suis pas trompé ?
Tiens, une sortie audio sous la forme d’une prise mini jack stéréo ?! C’est étrange, car le standard habituel des prises (RCA) rouge et blanche est plutôt qualitatif. Il y a forcément une pensée, un parti pris du constructeur qui guident ces choix particuliers, que l’on pourrait penser contre-nature.

Quoi qu’il en soit, le RENA S-1 propose donc de gérer d’autres sources numériques … intéressant.

En plus de proposer ces entrées, l’USB et la prise réseau (type RJ45), attendues pour ce type d’appareil, sont proposées des sorties coaxiale et optique permettant de l’associer à un DAC plus performant si, et seulement si, le besoin s'en faisait sentir. Là encore, c’est une bonne nouvelle. Ce produit encore très abordable pourra perdurer au sein d’un ensemble plus ambitieux.
Voilà donc un appareil très complet offrant des possibilités d’évolution, assumant ce grand écart entre 2 mondes, 2 utilisations, l’une familiale et accessible, l’autre plus ambitieuse en tant que lecteur réseau au sein d’un système plus cossu.

Mais alors, perplexe, que penser de ce choix de sortie audio sous la forme d’une prise mini jack. Pourquoi revenir au temps de nos Walkmans à cassettes ? Soit, nous vérifierons par la suite si ce choix du constructeur n’est en rien préjudiciable.
Votre vendeur aura tout prévu, en lui associant un câble en Y, permettant le raccordement de vos câbles de modulation RCA. Nous avons, sur trois types de câbles, constaté un bond (un mieux ?) qualitatif, à chaque palier d’investissement, sans réserve.

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Il faudra faire quelques ajustements avant de savourer pleinement l’objet.

Pensez à bien vérifier le sens de la phase du câble secteur. L’objet y est sensible, comme à peu près tous les bons appareils ceci dit.
Ecarter le plus possible son câble d’alimentation de ceux prévus pour le relier à l’amplificateur ; ne pas les croiser, un bruit parasite pourrait se faire entendre via un amplificateur sans contre-réaction comme le nôtre (à ma connaissance, ils sont extrêmement rares). Une fois ces précautions respectées, nous voilà bienvenus dans le monde des mélomanes heureux.

Premier constat, le RENA S-1 est capable d’une belle définition, d’une remarquable étendue harmonique.
L’image stéréo s’étend lisiblement en largeur, moins en profondeur, mais suffisamment pour organiser une scène sonore réaliste. Le jeu des cymbales est d’une grande vérité, de l’éclat de la frappe jusqu’à l’extinction de la note. Les guitares électriques retrouvent leur variété et leur richesse. La Gibson de Barney Kessel ou la légère saturation de la 3-35 de Bertrand Belin sont très joliment caractérisées. Le piano, sur le titre « Stories » de Bill Withers sur l’album « Justements » laisse deviner la résonnance de sa charpente et ne s’arrête pas à la surface des notes.

Le rebond des cordes de la basse ou des guitares sur l’enregistrement de l’album de Laura Marling « Semper Femina » ne traîne pas. Ça claque et permet de recueillir la finesse du jeu, superbe.

Caractéristiques techniques

Formats supportés : AIFF, WAV/WAVE, MP3, AAC +, Vorbis, AC3, DTS, ALAC, FLAC, APE, WMA,

Taux d'échantillonnage : Jusqu'à 192kHZ / 24bit, DSD jusqu'à 128 (5.6 MHz)

Compatible : Airplay 
-
Spotify Connect 
- TIDAL 
- WiMP - Qobuz - Radios Internet

Connectiques :
1 x USB pour stockage externe
Entrée x S / PDIF TOSLINK
Entrée 1x S / PDIF COAX
1 x Gigabit Ethernet (1000Mbps) 

1 x Sortie coaxiale S / PDIF
1 sortie stéréo analogique RCA
(mini-jack)

Connexions sans fil :
WiFi 802.11 avancé avec MIMO
Connexion haut-parleur sans fil de 96 kHz / 24 bits

 

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SCÈNE SONORE

Elle s’étend sans flottement en largeur. Elle est légèrement plus limitée en profondeur et propose une ampleur un peu écourtée. Mais l’ensemble est remarquable pour ce type de produit. Suffisant ? Oui, compte tenu qu’il peut être associé à un convertisseur (DAC) plus volubile. En tous cas, il faut louer sa capacité à retranscrire sans exagérer la position des instrumentistes dans l’espace, certes de manière un peu limitée. Mais il en fait déjà beaucoup par rapport à ses concurrents, à budget équivalent.

Dans une logique familiale, ou au sein d’un équipement d’entrée et de moyenne gamme, il ne sera pas le maillon faible, loin de là. Sur l’interprétation du Requiem de Fauré dirigée par André Cluytens en haute définition (24 Bit/ 96,0 kHz) la masse orchestrale est tout à fait lisible, sans confusion, laissant apparaitre les jeux d’arrière-plan. Les contrastes entre la délicatesse de certains passages et la puissance nécessaire par endroit sont tout à fait remarquables.
De quoi se régaler, en somme.

ÉQUILIBRE TONAL & RICHESSE DES TIMBRES

Étonnant, est le mot qui me vient immédiatement à l’esprit. Cet appareil ne triche pas. Il ne cherche pas à sur-jouer dans certaines parties du spectre, ni à gommer les aspérités de la musique. C'est la signature sonore de nombreuses marques et que certains appellent une écoute « confortable ». Mais qui heureusement, n’est pas de mise ici.

On peut affirmer que cet appareil propose une belle richesse harmonique, étendue, qu'aucun sentiment de manque ne vient gâcher. Tout juste, lui reprochera-t-on de ne pas aller encore assez loin, de ne pas révéler plus de matières, plus de couleurs. Mais une fois de plus, n’attendons pas d’un appareil de ce type qu’il joue dans la catégorie des très très grands. Il affirme déjà une posture de favoris, capable de rivaliser avec des sources numériques d’une gamme de prix au-dessus de lui, inutile de le comparer à des cadors.

RÉALISME DES DÉTAILS

Offrez à cet appareil des fichiers en haute-définition, il répondra présent. Bien entendu à condition que votre équipement avoisinant soit à la hauteur. Il a la capacité de révéler certains détails, d’étonner par moment pour mettre en lumière le jeu d’artistes, la fragilité d’une voix, le frottement d’un archet, le vrombissement d’un orgue. Même remarque : ne lui demandez pas de décrocher la lune. Mais il vous guidera dans la bonne direction, sans duperie. Là encore, il se place très bien parmi ses concurrents.

QUALITÉ DU SWING

Cet appareil ne ralentit jamais le jeu des musiciens. Il n’empêche pas de se laisser emporter par la musique. S'il n’est pas un exemple du genre, comme sur les autres paramètres il s’en tire très bien. À saluer donc, une fois de plus.

PERCEPTION D’ENSEMBLE

Alors comment considérer cet appareil en fin de compte ?
Un jouet, un premier pas qualitatif vers l’écoute réjouissante en streaming, une passerelle multi-sources ?

Et bien, tout ça à la fois !

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Il marche et étonne par ses qualités musicales, loin d’être anecdotiques. Il ouvre la perspective du multiroom associée à la qualité norvégienne d’Electrocompaniet. Il permet par sa large connectique, en sorties, comme en entrées, à la fois la constitution d’un ensemble concentré sur l’essentiel, et la lecture de fichiers en réseau ou en streaming de belle manière.

Il sera toujours possible de lui associer un convertisseur (DAC) plus performant encore. Mais pour trouver ce DAC, il vous faudra chercher un peu. Parce que ce curieux extra-terrestre a de la ressource. Les qualités de son convertisseur interne vous emmènent volontiers au cœur de la musique. Les musiciens sont bien en place, et beaucoup de leur jeu vous est rendu lisible. Un petit exploit compte tenu du prix de l’objet.
Pas d’excroissance, pas d’excès, la qualité musicale sonne juste, fait preuve de délicatesse, et donne envie de se laisser bercer : un signe qui ne trompe pas.

Quant à sa connectique déconcertante au premier abord, si l'on considère ce produit et cette gamme comme une alternative à une construction classique, l’ajout des entrées numériques permet de le trouver innovant. Il jouerait donc le rôle de contrôle des sources numériques (un lecteur BueRay, un lecteur CD, …). Même la prise Jack permettrait donc de simplifier son ensemble, en reliant le RENA S-1 directement à des enceintes amplifiées, en se passant, pourquoi pas, d’un amplificateur. Cette vision, ouverte à un plus large public, est finalement assez logique en parallèle avec les autres produits de la marque dans la ligne « Classic ».

Nous avons relié l’objet un lecteur CD BlueRay, puis un lecteur CD. À chaque fois, les branchements sont faciles, la navigation par l’application sur tablette ou smartphone avec ce choix de pictogrammes est simplissime, votre grand-mère ou vos jeunes enfants comprendront vite (trop vite ?). Puis nous avons voulu tester l’appareil relié à un DAC très haut de gamme histoire d’écouter s’il était recommandable pour sa seule fonction de lecteur réseau.
Bien mal nous en a pris, parce que voilà le genre de jouet qu’il faut ensuite se résoudre à rendre.

Là encore une belle surprise. Pas de coloration, le traitement du signal est tout à fait satisfaisant pour que l’on songe à lui associer par la suite un DAC d'excellente qualité.
Quoi qu’il en soit les heures d’écoute se sont enchainées sans qu'on ait eu l'impression de voir le temps passer. Nous avons savouré plusieurs œuvres en entier, là encore un signe de qualité. Et l’envie d’écouter toujours plus, encore un morceau de ci, de ça, nous as vite emportés jusqu’à très tard.

Ce RENA S-1 est bien une petite réussite, que seule l’application (perfectible) empêche de trouver parfait, dans cette gamme de prix. Mais, puisqu’il s’agit de la même application développée par la marque pour les produits de la ligne Classic, nul doute qu’elle sera mise à jour, « upgradée », régulièrement.
Et puis pour ceux qui y verraient un frein rédhibitoire, sachez qu’il existe des applications indépendantes qui permettront d’oublier ces petits défauts de jeunesse (par exemple : Mconnect pour iPad, Iphone ou BubbleUpnp pour Androïd).

Voilà un produit et une approche, à envisager pour investir dans une plateforme musicale (dans la gamme EC Living), d’un lecteur réseau (streamer), ou d’un convertisseur (DAC) entre 500 et 2000 euros. Pas bête finalement, loin de là. Il est plutôt beau, sans ostentation. Toutes ces qualités, à ce prix, c'est même insolent.

Banc ecoute