Kalevi Aho – Quatuors 1 à 3 par le Stenhammar Quartet / Bis 2024
Je ne suis pas familier de la musique de Kalevi Ensio Aho, compositeur finlandais pourtant fécond.
Je n’ai à ce jour guère retenu que quelques œuvres isolées ; la seule m’ayant marqué, mais sans doute me faudrait-il replonger dans la vaste malle mystérieuse, étant la 5e Symphonie par le Lahti Symphony Orchestra (où Aho a établi résidence) dirigé par Dima Slobodeniouk (Bis 2020), partition passablement complexe, pouvant évoquer l’esprit torturé d’Allan Pettersson où la sauvagerie combat toute forme stylistique établie, où une mélopée de cirque peut être écrasée par un tempêtueux maelstrom…
Une autre raison pour moi de ne pas dévorer son catalogue, Kalevi Aho a été l’élève de Einojuhani Rautavaara, typique de ces musiciens prolifiques à l’œuvre desquels je me suis souvent essayé mais en n’étant jamais happé, captivé, emporté, contrairement à la déflagration Pettersson, précisément.
Alors quel plaisir de se faire surprendre par la découverte des Quatuors 1 à 3 de Aho interprétés par le Stenhammar Quartet (Bis 2024), présentés dans un ordre non pas chronologique mais privilégiant l’enchaînement rythmique et structurel.
Commencer par le 2e quatuor est aussi un moyen de contourner la quête intellectuelle du premier pour révéler déjà des contrastes formels déstabilisants entre mouvements, alternant la lente tension nerveuse proche de Chostakovitch à la dynamique conquérante et fiévreuse – pour ne pas dire vampirique - avant de s’attaquer aux huit mouvements alambiqués du 3e qui imprime la vigueur expressive forcée d’un compositeur alors très jeune pourtant, ce qui se devine par l’absence, soit, d’un propos clair au profit d’une grande liberté d’écriture conquérante plus que formelle, requérant à ce propos une étourdissante virtuosité des interprètes quand les envolées acrobatiques d'un premier violon s'échappe de la dramaturgie rythmiquement plombée des antagonistes... Long déploiement d'idées s’opposant ainsi au long final académique - pas dépourvu d'humour - que propose le 1er Quatuor.
Belle captation, un rien trop réverbérée, révélant des artistes inspirés, des échanges ou juxtaposition de couleurs franchement audacieuses. Un bon moment de musique