Shabbazz Palaces 

Quazarz: Born On A Gangster Star

Paru chez la Sub Pop Records en juillet 2017  - Genre : Rapp

Qu’est-ce qui se cache derrière ces noms à rallonge ? Je ne vais pas vous réécrire les intentions des deux musiciens qui ont inventé ce bel univers, sombre et aéré à la fois. Au passage, je signale que ce ne sont pas des minots.
Rap, Hip Hop, voire Trip Hop, un zeste de Funk, on s’en fout un peu …

Les boucles sourdes et rondes, élaborées, évolutives et tournantes, superbes, granuleuses, corpulentes, croisées en strates poisseuses et ronflantes amènent, morceau par morceau à une transe lente, une fièvre immobile ; et, alors que les univers varient beaucoup, ne dédaignant pas l’humour tel ce sample d’une mélodie façon pop sixties (Dee Dee Sharp (I Really Love You ?)), ou autres instants lumineux transperçant des grondements graves et même extrêmes graves (gros son garanti à condition que la chaîne soit capable d’analyser dans des fréquences vraiment basses), l’ensemble hélas un peu court (35 mn !) malaxe singulièrement un corpus très homogène.

Les saveurs opaques et épaisses traversées d’idées harmoniques raffinées, élégantes mêmes, sinuosités de sylphides ou aurores boréales dans les ténèbres d’un espace encré de BD en 3D, évoquent les premières planches de Druillet, tels les 6 Voyages de Lone Sloane, revisitées de modernité engagée par le discours proche du « Sprechgesang », la distance appuyée d’effets architecturaux de la narration, les traits d’esprit s’ébattant dans la construction sonore.

Difficile à décrire, facile à découvrir, envoutant à l’écoute, encore de ces machins qui ne ressemblent à rien mais qui à l’arrivée sont de la musique originale, florissante, intéressante, preuve que l’époque est créative. Dommage que les textes soient un peu simplistes, tant pis, les mélodies, les arrangements, les variations autour des codes du genre (mais quel genre au fait ?) composant cet univers virtuel suffisent.

Côté production, une belle pâte sonore explore impeccablement les sous-couches multiples et grondantes de la musique et structure avec panache la théâtralité globale, en tout cas en fichier 24/44 sur Qobuz.