SÉLECTION DE DISQUES





SelectOctobre 2019 1

Roseaux - Roseaux II

Paru chez Tôt Ou Tard - 2019 - Genre : Indé


Production délicate et soignée, ce projet d'album parisien "Roseaux", sans révolutionner quoi que ce soit, a su s’incruster sur mon lecteur.

Les 3 compères Emile Omar (programmateur de Radio Nova), Clément Petit (violoncelliste, compositeur) et Alex Finkin (compositeur, sound designer) ont réussi a capté le meilleur des voix de Ben l'Oncle Soul, Melissa Laveaux, Olle Nyman, Anna Majidson et à nouveau Aloe Blacc déjà présent sur le premier opus du trio.

Les compositions réarrangées issues des répertoires de ces artistes s’additionnent à d’autres signées du trio Roseaux. Une démarche plus que louable qui s’entend comme une envie de partage.

Remarquez comme l’arrangement de Island met en valeur la voix (les voix) de Ben l’Oncle Soul en laissant le piano patiné en sourdine, en fond de salle, pour ensuite mettre en premier plan les mains du contrebassiste, puis les cuivres. Chaque voix est détaillée par une prise de son au cordeau. Claquements de langue ou respirations sont perceptibles et contribuent à la délicatesse de l’ensemble.

Tout juste regretterai-je que le projet ne soit pas assez personnel à l'instar de ces objets sonores incontournables comme les fabuleux : Close to Paradise de Patrick Watson - Spirit of Eden de Talk Talk, ou le Maître du genre : l’Histoire de Melody Nelson de Gainsbourg. Car le projet musical « Roseaux II », avec plus d'ambition et uniquement bâti comme un tout strictement de compos originales, aurait pu s'en approcher. 
A ne pas prendre pour un reproche donc, mais bien comme l’espoir de voir éclore un chef d’œuvre, après ce deuxième ouvrage prometteur.

Olle Nyman, présent sur deux des plages, n’a que deux albums à son compteur depuis le premier publié en 2008 : Venture et Behind The Clouds. Dans le style ballade folk, tous les deux s'installent années après années parmi ceux qui reviennent entre mes oreilles. Vous remarquerez peut-être comme ils se partagent facilement. Est-ce un signe si le suédois se retrouve embarqué au milieu de « Roseaux » ?  Sans doute. 
Sur sa page Facebook, l’artiste promet un nouvel album de compositions originales dans les prochains mois. Les mois d’hiver sont longs par là-bas. Souhaitons-lui que ces prochaines semaines soient plus propices à l’écriture que les précédentes années.

 


SelectOctobre 2019 2

 Mike Patton & Jean Claude Vannier - Corpse Flower

Paru chez Lpecac Recordings - 2019 - Genre : Indé


Je cite le monument Melody Nelson dont on oublie trop souvent que Jean Claude Vannier a contribué largement au son incroyablement intemporel, hissé en référence par beaucoup d’artistes. 
Beck s’était même risqué à la récupération d’un hommage, dans la figure de style « à la manière de » proclamée de son Sea Change.


C’est au tour de Mike Patton (Faith No More, Mr Bungle et plein d’autres) de tirer par la manche monsieur Vannier dans son nouveau projet Corpse Flower.
Les deux protagonistes ont un plaisir commun de l’aventure et de la prise de risque.

Les premières écoutes laissent paraitre un disque très inégal, balançant entre génial et ennuyeux. Mais qui a le bon goût de sortir de la monotonie des jolies mélodies calibrées pour proposer un voyage presque visuel.

Serait-ce le genre d’œuvre qui s’apprécie un peu plus à chaque écoute ? L’avenir nous le dira.

Dès les premières notes du Ballade C3.3, la tension de la peau du fût est remarquablement perceptible.
Puis Mike fait des siennes avec ce timbre de voix si particulier et son goût pour le théâtre. 
Testostérone et muscles à la sauce barbecue dans une allégorie foutraque où accordéons, violons et clochettes se mêlent pour le crooneur excentrique. Tiens, le bruit d’un V8 clôt la plage « Camion ». Evidemment ! Et sur la plage suivante, il tente carrément de marcher dans les pas de Serge, avec « Chanson d’amour », saluant même Jane au passage avec respect, maladresse et nonchalance. À l’américaine quoi.

Un disque désinvolte ? Surement !
On perçoit même quelques insultes ça et là, en français s’il vous plait. 
C’est toujours plus élégant un : « mou du gland », dans la langue de Molière. 

Barré et rigolo… C'est tout Mike !

 


SelectOctobre 2019 3

Joe Armon-Jones - Turn To Clear View

Paru chez Brownswood Recordinds - 2019 - Genre : Jazz Fusion & Jazz Rock


Le son de Joe Armon-Jones est peut-être le plus enjoué de cette sélection. Fascinant mélange d’électro-dub et de jazz, le claviériste que l’on s’amuse à comparer à Herbie Hancock, nous enveloppe de langoureuses mélopées subtilement teintées de funk. Et bien que la ressemblance avec les productions de la scène électro-jazz des années 2000 soit le pire reproche que l’on puisse lui faire, il faut saluer l’artiste pour le groove et l’élan de ses longues tirades mélodiques.

Là précisément où j’attends Cory Henry depuis plusieurs années, c’est Joe Armon-Jones qui propose ce quatrième album.

« (To) Know where you coming from » se laisse dérouler sans difficulté, invitant gentiment à dodeliner du chapeau, malgré un mix un peu brouillon où seuls les samples, trouvent assez d’air.

À découvrir autrement qu’en musique de fond (même si ce type de son se prête parfaitement à l’habillage musical de mondanités !).

 

 

 

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