SÉLECTION DE DISQUES





Emil de Waal : Fire Øjne – 2024 April Records & Music

Charlie Haden & Carla Bley : The Ballad of the Fallen – 1982 ECM

Par leBeauSon - BE Atoll IN100 Signature - juillet 2024


 

Fire Øjne, (Emil De Waal : batterie, électronique, programmation, traitements sonores, flûte, eau, percussions / Frederik Lundin : flûte basse (piste 1), saxophone baryton (piste 9) / Rasmus Oppenhagen Krogh : guitare électrique (pistes 1 et 8) / Cecilie Strange – saxophone ténor (pistes 3 et 7) / Henriette Groth : piano préparé (piste 5) et clarinette (piste 6) / Susan Alcorn : guitare pedal steel) fournée toute nouvelle toute chaude du batteur danois Emil de Waal, dérivant entre World et Jazz, est franchement attachante à défaut d’être grandiose ; série de duos (d'où sans doute le nom de l’album qui signifie apparemment Quatre Yeux.

L’introduction batterie / flûte basse fignole d’emblée une gamme évidente de nuances chromatiques, de sensibilité de toucher ou de respirations, comme de relief et grain des matières.

Emil de Wall

 

L’album oscillant entre la musique Zen pour les illuminés bobos défoncés au thé bio de Nature & Découverte et des échanges ensorcelants entre batterie et percussions, guitares électriques aériennes, saxophone ténor ou baryton, flûte basse donc, piano préparé et clarinette, un solo subtil (par opposition à démonstratif) de batterie enrubanné de nappes psychédéliques, de l’humour (insolite adaptation pour un saxo inspiré et une batterie tout en syncopes, de Limbo Jazz (Duke Ellington)) ou un hommage pas inoubliable à Charlie Haden & Carla Bley, par Silence, venu de The Ballad of the Fallen (ECM 1982) …

La galerie de timbres et déclinaisons harmonieuses particulièrement soignée suppose d’être retranscrite avec une autoritaire sureté de couteau, canet et pastels.

Tableaux de maîtres ou photographies analysées au banc ? La vérité oscille entre des moments qui frôlent la grâce et d’autres plus simplement intellos, mais l’ensemble mérite le détour.

 Pourquoi, dès lors, se priver d’enchaîner avec l’album en question, The Ballad of the FallenCharlie HadenCarla BleyDon Cherry , Sharon FreemanNick GoodrickJack JeffersMichael MantlerPaul Motian (waouh !), Jim PepperDewey Redman (another waouh !), Steve SlagleGary Valente

 

Haden Fallen

 

 

 

 

 

 

 

 

Ode aux peuples opprimés du monde (en l’occurrence le Salvador en plein reaganisme), mélangeant des thèmes traditionnels à des compositions originales, bouleversants bas-reliefs d’unissons en demi-teintes sillonnés d’improvisations sidérantes par des musiciens géniaux (Charlie Haden évidemment (ô combien émouvant par la seule couleur et inventivité d’une contrebasse), Carla Bley évidemment mais Don Cherry dans le mystique chant funèbre Silence ou l’enchainement de deux performances folles dans La Santa Espina quand la trompette de poche de Cherry rebondit lors du retour au thème de Silence surfant sur la crête de vague d’un lâcher prise absolument hallucinant de Dewey Redman), dont la copieuse mise en scène, pas idéalement naturelle, impose parallèlement une envergure et un apostement concrets, autant par la contenance des interprètes que par la perspective, l’air et le modelé textural d’instruments limpidement différentiés. 

Un album indispensable !

Banc ecoute